RIVIERE DU LOUP

Voyage au Canada, 2ème étape

Île aux Lièvres

Nous poursuivons notre voyage en direction de Rivière du Loup, pour aller faire une randonnée sur l’Ile aux Lièvres. C’est une île du fleuve Saint Laurent située entre Saint Siméon et Rivière du Loup. Elle fait 7 kms de long et 800 mètres de large. On peut y camper. On y accède par bateau, c’est la société Duvetnor qui s’occupe de la traversée.

Son nom remonte en mai 1536, Jacques Cartier y aborde ce jour-là, et a trouvé un grand nombre de lièvres pour nourrir ses hommes.

Outre les lièvres, on y trouve une cinquantaine d’espèces d’oiseaux, des parulines, des grives, des rapaces et bien d’autres.

On a également vu durant la traversée des petits pingouins la seule espèce de pingouins capable de voler.

Les photos

Voyage au Canada – La Mauricie

Nous débutons notre roadtrip au Québec par un séjour en Mauricie. C’est notre deuxième séjour dans cette sublime région.

Je passe rapidement sur notre première nuit passée à Montréal, l’objectif était de récupérer un peu du long voyage et du décalage horaire avant de prendre la route pour la Mauricie.

Passage éclair à Montréal

Voyager à l’étranger depuis la province implique souvent une correspondance, ce qui est toujours stressant étant donné que plus aucun vol aujourd’hui n’arrive à l’heure. Et le notre n’a pas fait exception. La patrouille de France survolait Paris le 14 juillet. Sans doute était-ce la première année que la patrouille de France survolait Paris un 14 juillet. Air France n’a donc pas pu anticiper…

Nous avons eu de la chance, nous avons pu avoir notre vol suivant, ce qui n’a pas été le cas de tout le monde dans l’avion.

Deux heures de route plus tard le surlendemain, et après une nuit passée à Montréal, nous voila en Mauricie. C’est grand, c’est sauvage, c’est isolé, c’est beau, c’est tout ce que j’aime.

La Mauricie est une région de la province du Québec, au Canada. Elle se trouve entre Montréal et la ville de Québec, au nord du Saint-Laurent. Son paysage est composé de forêts, de montagnes, de rivières et de lacs. Situé dans les Laurentides, le parc national de la Mauricie est une forêt protégée.

Nous avons mis le cap sur Saint Alexis des Monts, le lac de Sacacomie.

Nous arrivons en milieu d’après-midi et en profitons pour faire un petit saut dans le lac, bonne surprise, l’eau n’est pas froide. Les québécois viennent y faire du paddle, du kayak et du bateau.

Lac de Sacacomie

Nous avons réservé une chambre au domaine des rivières de Sacacomie, un véritable coin de paradis. Le seul bruit est celui de la rivière dans laquelle on peut d’ailleurs se baigner.

Le domaine de la rivière de Sacacomie

Le lendemain, de la pluie est prévue toute la journée, ce qui ne nous empêche pas de faire notre premier footing québécois ! Malheureusement le mauvais temps va durer toute la journée.

Les chutes Waber, parc de la Mauricie

Il faut savoir que l’accès aux parcs québécois est règlementé et payant. Nous avons paye 16 dollars canadiens pour 3 adultes, ce qui est très raisonnable je trouve. En contrepartie les parcs sont très bien entretenus.

Nous arrivons par l’entrée de Saint Mathieu. Il est également possible d’arriver par l’entrée de Saint Jean des Piles à Shawinigan.

Il faut encore parcourir une vingtaine de kilomètres en voiture pour arriver à l’endroit de location des kayaks sur le lac Wapizagonke. Nous avions réservé nos kayaks la veille, via ce site, Location Canot, mais il n’y a pas grand monde le jour de notre excursion.

Le lac Wapizagonke est long à peu près de 15 kms, il est situé à l’extrémité ouest du parc national de la Mauricie. Il est d’une forme étroite et tout en longueur, il se déverse dans la rivière Shawinigan.

Nous avons parcouru environ 5 kms en kayak et les déposons à l’endroit où débute la randonnée vers les chutes. Cela nous a pris environ 1h30, nous avons l’habitude de pagayer, il faut sans doute compter le double quand on le fait avec des enfants, où que l’on débute totalement en kayak. La seule petite difficulté se situe à l’endroit où les castors ont construit un petit barrage. Il faut descendre du kayak et le tirer pour franchir le barrage.

Une fois les kayaks déposés, on débute la randonnée. Il y a environ 200 mètres de dénivelé pour 3,5 kms. Le chemin est très bien entretenu, très bien balisé, des marches empêchent de patauger dans la boue. Il n’y a aucune difficulté, si ce n’est le dénivelé, mais chacun le fait à son rythme.

Chutes Waber

Nous avons adoré cette journée dans le parc. Le seul bémol de cette journée… les moustiques, l’endroit est complètement envahi par ces insupportables bestioles. Il faut prévoir de quoi se protéger !

Nous mettons ensuite le cap vers le Bas Saint Laurent, et le village de Rivière du Loup.

Le Montan’Aspe

35 kms, 2600 m de D+ dans les Pyrénées.

J’avais déjà tenté cette course l’année passée avec un abandon sur chute au milieu de la course.

Je savais que le terrain était très difficile, un fort ratio dénivelé/kms, et des descentes très techniques. Une course à priori pas du tout faite pour moi, et pourtant tout s’est très bien passé.

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Chronique d’un machisme ordinaire

Le titre est volontairement provocateur, le mot beaucoup trop fort, il n’est pas question de machisme ici, mais justement, j’ai du mal à trouver le mot qui convient.

Je fais du sport depuis toujours, j’ai toujours fait beaucoup de compétitions, bref j’ai toujours évolué dans ce milieu (je commence déjà à me justifier là, j’en parle plus bas).

Et il faut quand même admettre que le sport reste malheureusement majoritairement une affaire d’hommes. Les chiffres parlent d’eux même. En trail, plus on augmente les distances, moins il y a de femmes. 

Je le dis moi-même, je n’ai jamais réellement souffert de comportement machiste, mais il faut croire qu’en vieillissant je deviens moins tolérante face à ce que j’appellerais le sexisme bienveillant (le terme n’est pas de moi).

J’entends par là que toutes les petites phrases, pas vraiment méchantes n’est-ce-pas, mais lourdes de sens, m’indisposent de plus en plus.

Et la phrase qui m’indispose le plus depuis quelques temps, à chaque fois qu’une femme se plaint d’un comportement un peu douteux, c’est « oh mais tu prends tout de travers, ce n’était pas dit méchamment »

Je ne peux plus supporter cette phrase. Faut-il tout supporter sous prétexte que ce n’est pas dit méchamment ?

Évidemment que ce n’est pas dit méchamment, mais c’est quand même dit avec une arrière-pensée non ? Sinon ce ne serait pas dit du tout ! Allo Freud, tu peux descendre, on a besoin de toi !

Faut-il encaisser les remarques de certains hommes, sous prétexte justement qu’ils ne sont pas tous comme ça, et que ceux qui se permettent ces remarques, ne les font pas méchamment ?

J’ai encaissé pendant des années, aujourd’hui c’est fini.

C’est clairement du sexisme bienveillant, et il faut que ça s’arrête.

Alors c’est quoi le sexisme bienveillant ? Voilà ce que j’entends depuis des années, pas tout le temps bien sûr, pas à chaque course bien sûr, mais c’est un peu comme le comique de répétition, un jour la coupe déborde !

  • Vous venez chercher votre dossard pour la templière ? Les Templiers était à l’époque la grande course, on avait appelé la « petite », celle des femmes (c’est une blague), la Templière, logique non ?
  • Oh c’est sympa, t’accompagne ton mari dans les courses, ce n’est pas trop difficile ? T’arrives à suivre ? 
  • Putain mais tu m’as mis 10 mn au marathon ! Mais t’as plus de testostérone que moi ! 
  • Il est sympa ton mari, il te donne ses tee-shirts de course. 
  • Et tu fais quelle distance en course, 5 kms, 10 kms ?
  • Ça ne vous dérange pas si je vous double ? Non parce qu’avec vous les bonnes femmes on ne sait plus quoi faire !
  • Allez ma p’tite dame ! Venant en cas général de mecs d’un certain âge avec un certain bide, qui ont un certain mal à avancer, mais qui n’hésite à t’encourager gentiment quand tu les doubles.

Ma p’tite dame !! Pour toutes les femmes qui vont me lire, avez-vous déjà appelé un homme sur un course, ou durant un footing, mon p’tit monsieur ? Ce n’est pas la peine de répondre.

Bon, voilà, je pourrais noircir des pages de ces petites remarques perfides. Il y a aussi tous ceux qui accélèrent quand tu les doubles (ils font pareil en voiture) et comme disent la plupart des hommes, « Oh faut pas se formaliser pour ça, c’est pas méchant ».

Alors pourquoi ces quelques lignes aujourd’hui ?

Parce que la coupe a débordé il y a quelques jours.

Je venais de faire une course avec mon mari, une course plutôt très difficile, beaucoup de dénivelé, chaleur écrasante, descentes dantesques, bref du bonheur.

Je n’ai pas fait vraiment attention (en toute honnêteté je l’ai vu, mais je n’en ai rien à faire, je ne corrige jamais mes chronos sur strava, dans l’eau l’application me diminue toujours mes longueurs, et je m’en fiche). Mais mon temps affiché sur strava n’était pas mon temps de course, c’était mon temps de déplacement. Ce qui n’est pas du tout la même chose, au temps affiché sur Strava il fallait rajouter le temps passé aux trois ravitos.

J’arrive à l’entrainement du club le mercredi soir, et là cinq ou six gars du club semblent vouloir me parler de ma course.

Je suis contente parce que c’est la première fois que ces gars-là me parlent de l’une de mes courses (j’en fais beaucoup). Mais en fait ils n’ont même pas pris la peine de me demander des nouvelles de ma course, comme ils l’auraient fait avec n’importe qui. Comment s’est passé ta course, c’était pas trop dur avec cette chaleur etc etc. C’était franchement le minimum à faire.

Non, ils ont directement attaqué le sujet qui les intéressait. Et le sujet qui les intéressait vivement, c’était que suite à l’erreur affichée de mon chrono, j’avais fini devant un gars du club.

  • T’as fini devant Édouard ? (Je ne connais pas Édouard, mais c’est surement un gars très bien et je précise qu’il n’était pas là, il ne m’a donc rien dit)
  • Non mais ce n’est pas possible, t’as pas fini devant Édouard ?
  • Encore deux ou trois questions comme ça vu que je ne réponds pas tout de suite, jusqu’à la question finale :
  • Tu n’as pas fini devant Brice quand même ?

Brice étant mon mari.

Et il a fallu que je me justifie parce que les questions n’arrêtaient pas. 

Ce qui m’a le plus frappée c’est le « quand même ». Tu n’as pas fini devant Brice quand même !! Et la phrase qui tue, « non mais c’est pas possible ».

J’ai failli faire demi-tour et rentrer chez moi. L’attaque était perfide, elle m’a fait mal. Il n’y avait plus aucune bienveillance.

Je n’ai pas fini devant Édouard, j’ai fini 20 mn derrière lui. Mais j’aurais pu finir devant, c’était tout à fait envisageable. 

Et là je suis en train de me justifier, pathétique non ? Oui parce qu’en tant que femme, on me demande toujours de justifier mes performances. 

Ils n’ont posé aucune question à Brice qui a fini devant le Édouard en question. C’est ça aussi qui m’a choquée. Non, lui c’était normal mais moi ? Moi qui fais les mêmes courses que Brice, parfois les mêmes chronos, non moi ce n’était pas concevable.

Pourquoi ? Parce que je suis une femme ? Parce que j’ai plus de cinquante ans ? Les deux ? Je n’ai pas la réponse.

Je cours depuis quarante ans, je nage depuis cinquante ans, je pédale depuis une quarantaine d’années également (et voilà je suis encore en train de me justifier) et quand on arrive quelque part avec Brice, il faut toujours que je fasse mes preuves. J’ai ce sentiment d’avoir toujours à me justifier. Cette fameuse petite phrase « ah tu cours toi aussi ».

Ma réaction immédiate a été de me dire, que j’allais mettre mon strava en privé pour m’épargner définitivement ce genre de remarques déplacées.

Mais alors quoi ? C’est comme la tenue vestimentaire, c’est aux femmes de ne pas porter de jupes trop courtes pour ne pas trop tenter ces messieurs.

En sport, il ne faut pas qu’on affiche de chrono pour ne pas faire ombrage aux sportifs ? Je ne sais pas encore ce que je vais faire. C’est vrai que mettre mon compte en privé règlerait tout ça.

Ce n’est pas grave, je vais rapidement passer à autre chose, mais il fallait que j’en parle quand même, parce qu’il faut que ça s’arrête. 

L’époque où je prenais ce genre de choses avec le sourire semble révolue, même si ce n’est pas méchant, on est bien d’accord 🙂

Trail des Mouflons

42 kms, 1400 mètres dénivelé, en Dordogne

Le trail ce n’est pas seulement du sport, c’est aussi une très belle façon de découvrir de nouveaux territoires, et depuis le temps que l’on court avec Brice, on a découvert énormément de belles régions, dans lesquelles nous ne serions pas forcément allés s’il n’y avait pas eu les courses. Au hasard et il n’y a pas d’ordre de préférence, l’Aubrac, la Corrèze, la Dordogne, la région lyonnaise, les Pyrénées, les Alpes, et j’en oublie certainement beaucoup.

Le fait d’avoir vécu en région parisienne, dans le sud, et maintenant à Bordeaux nous a également permis de quadriller ces différentes régions.

A chaque début d’année le même rituel se répète, choisir notre objectif principal, et choisir ensuite les courses pour s’y préparer. Pour les trails « courts », moins de 30 kilomètres, on essaie de ne pas trop s’éloigner de chez nous, histoire de ne pas faire 4 heures de route pour une course de 15 kms.

Cette année l’objectif principal est l’UTMB fin août, et pour s’y préparer nous sommes inscrits à :

  • Trail des Mouflons en février, 42 kms et 1400 mètres de dénivelé
  • Trail de Saint Pée sur Nivelle en mars, 42 kms et 2800 mètres de dénivelé
  • Ultra trail des Balcons d’Azur en avril, 80 kms et 3500 mètres de dénivelé
  • Triathlon de Lacanau en mai, format L (1900 mètres natation, 80 kms vélo, 21 kms Cap)
  • la CCC du Val d’Aran, en juillet, 100 kms, 6000 mètres de dénivelé

Nous voilà donc partis pour notre premier rendez-vous de l’année, dans le Périgord en ce mois de février. Pas de chance, alors qu’il a fait beau toute la semaine, le samedi est pluvieux, et le dimanche ne s’annonce pas très sec non plus. Il est vrai que lorsqu’on s’inscrit à une course en février, on s’attend quand même à un minimum de boue, on n’a pas été déçus.

Le Périgord est un territoire que l’on ne présente pas, c’est magnifique, des vieilles pierres, des fermes, des noyers, et surtout une région sauvage. Le départ et l’arrivée de la course se situent à Cherveix Cubas, petit village entre Périgueux et Brive.

Le paysage est à la hauteur de nos attentes, majestueux, un petit côté fantomatique parfois dans la brume et le givre. Il a plu durant la course, pas des trombes d’eau, mais suffisamment pour refroidir.

Trail des Mouflons

La première partie du parcours est facile, beaucoup de petites montées durant lesquelles il faut courir, suivies de descentes assez boueuses mais praticables. Beaucoup de passages dans les bois. Nous ne sommes que 150 partants, on se retrouve vite en petit comité, et comme d’habitude nous faisons un petit bout de chemin avec des coureurs et coureuses très sympas.

Le ratio kilomètres/dénivelé sur cette course est faible. On est dans le Périgord pas dans les Alpes. C’est toujours compliqué de dire ce qui est le plus facile, une course avec de longues montées (exemple les 1400 mètres en début de la CCC) ou des courses comme celles-ci où on ne fait que monter et descendre en permanence. Bizarrement je trouve que la réponse n’est pas facile à apporter. Dans les courses avec peu de dénivelé on court énormément, y compris dans les montées, alors qu’on ne court pas en montée dans les Alpes. Je pense tout simplement que cela dépend de chacun et du type d’entrainement que l’on a. Ce type de trail est plus adapté à notre entrainement girondin qui comporte 0 dénivelé.

Ça se corse néanmoins durant la deuxième moitié avec une belle montée dans la roche, une corde pour grimper, terrain très glissant. On mettra beaucoup plus de temps à parcourir les 20 derniers kilomètres que les 20 premiers, et pas uniquement à cause de la fatigue !

Trail des Mouflons, on ne sait plus où mettre les pieds !
Trail des Mouflons, des descentes parfois très glissantes

Il y avait 2 ravitaillements sur le parcours, au kilomètre 13 et 30. Très bien dans les 2 cas, du salé, du sucré, des bénévoles au top. La barrière horaire était située au 30ème kilomètre. Nous bouclons ces 42 kms en 5H50, avec de belles sensations du début à la fin.

L’Hivernale des Templiers

L’Astragale, 66 kms et 2500 mètres de dénivelé

Cette année nous avons inauguré un nouveau parcours, nous partons et arrivons à Roquefort sur Soulzon, ce qui est beaucoup mieux. Pas de bus à prendre en plein milieu de la nuit.

Le départ a lieu à 6h30 du matin en ce début décembre, et il neige.

le départ de l’Hivernale des Templiers sous la neige

Alors évidemment on ne s’inscrit pas à une course au mois de décembre en se disant qu’il va faire beau et chaud. Et voir cette neige tomber est plutôt féérique, mais on se dit que le terrain ne va pas être facile, et on n’a pas été déçus. De la neige, du froid, du vent, beaucoup de vent, de la boue on a tout eu, mais dans des paysages à couper le souffle, et franchement, j’ai adoré.

des paysages féériques

Courir la nuit dans ce genre de paysages, on ne peut pas ne pas aimer je pense. Et quand on court on n’a pas froid. On est dans l’Aveyron, ce ne sont pas les Alpes, les montées ne sont pas trop raides, ni trop longues. Il y en a 6 en tout, pour un total de 2500 mètres, la plus longue ne doit pas excéder 400 mètres de D+. Et on attaque d’emblée la première. Je me rends compte très vite que je suis pile poile dans mes temps de 2018 et même si le parcours n’est pas le même c’est plutôt rassurant, car j’avais fait une bonne course.

La première descente très glissante arrive vite, et là il n’y a pas beaucoup de solutions, il faut s’accrocher à toutes les branches autour, avoir des gants est indispensable. Mais elle est très courte, quelques glissades mais pas de chutes.

On arrive assez rapidement au ravito des 18 kms. Les ravitaillements de cette course sont topissimes, on est quand même au pays du roquefort 🙂

Je sais que je vais avoir beaucoup de mal à manger et à boire durant la course, alors je mise tout sur les ravitaillements, il faut que je boive et que je mange correctement. Je ne vais pas faire des miracles, mais j’arrive quand même à manger du fromage, un bout de banane, du pain d’épices tartiné de roquefort et un truc sucré. C’est pas énorme, mais je ne peux pas faire mieux. Et je bois un verre de soupe, un verre de coca et un verre de Saint Yorre, là encore, c’est minimaliste mais je me contente de ce qui passe, et il est rare que j’arrive à manger autant durant une course.

Malheureusement durant la course en dehors de ces pauses ravitaillement, je vais avoir du mal à boire, l’eau des flasques est gelée, j’ai peur que mon estomac ne résiste pas à ce traitement.

On attaque ensuite la 3ème côte qui est suivie d’un plateau, à la louche 4 à 5 kms de plat, tantôt montant tantôt descendant. Ces kilomètres là peuvent vite s’avérer compliqués, il faut absolument courir sous peine de perdre beaucoup de temps, et là ce ne sont que des champs de boue.

Après une descente bien glissante on arrive au ravito du 30ème, celui-là est important parce que s’en suivent 23 kms sans ravitaillement, ce qui va être très long. 3 ravitos, 10 mn d’arrêt chaque fois.

Il fait très froid, je cours en corsaire avec un tee shirt à manches longues et ma goretex. Quand je cours, ça me suffit, je préfère courir quand il fait froid. Je n’aime pas et supporte très mal la chaleur. Je n’ai jamais eu froid durant la course.

Entre le 30 et le 53ème kilomètre, il y a un inteeeeeeerminable plateau tout boueux, je dirais 13 kilomètres de plat montant descendant, 13 kilomètres de course dans la boue. Ça va me fracasser. J’avais réussi à m’alimenter tant bien que mal jusqu’à présent, mais là j’arrive au point habituel où plus rien ne passe. Vers le kilomètre 48 je ne suis pas loin de l’arrêt total, plus d’énergie, plus rien. J’essaie de me motiver comme je peux et j’arrive enfin au dernier ravitaillement, au 53ème kilomètre. La clé d’une course réussie c’est l’alimentation et l’hydratation.

Le seul inconvénient du froid, c’est quand il faut repartir après un petit arrêt. Le 1er, ça passe, le 2ème c’est déjà un peu plus dur, mais le 3ème, quel cauchemar ! sortir de la tente est un pur calvaire. Je tremble tellement que je n’arrive pas à remettre mes gants, je suis frigorifiée, il faut vite se remettre à courir pour se réchauffer.

Je suis physiquement plutôt en forme, je n’ai mal nulle part, et je me souvenais parfaitement de la dernière partie de la course. Une montée coupée en deux par une route, suivie de la descente jusqu’au village. Il y a eu quelques petits changements, mais globalement j’ai reconnu le parcours.

Et la fin de la course se passe bien, je ne rallumerai pas la frontale, c’était mon challenge 🙂

Je retrouve Brice dans le gymnase de Roquefort, il est arrivé une demi-heure plus tôt après une très belle course. Une première place catégorie pour moi, la sensation d’avoir été en forme quasi du début à la fin, ce qui ne m’était pas arrivé depuis longtemps, je suis contente.

Les chaussures ont morflé, elles vont être difficiles à nettoyer….

L’Hivernale des Templiers, 66 kms de neige et de boue

La Maxi Race D’Annecy

Quasiment deux mois après le fiasco de l’UTMB et mon séjour à l’hôpital, nous voilà embarqués avec mon mari et mon fils dans la Maxi Race, 82 kms et 5000 mètres de dénivelé.

Je me suis un peu inscrite sur un coup de tête, physiquement je pense avoir récupéré depuis deux mois, mais psychologiquement la perspective de passer une nuit dehors à courir ne m’enthousiasme pas. Mon UTMB a été tellement cauchemardesque que je ne peux pas partir en me disant que tout va bien se passer.

Physiquement, mis à part ma main gauche toujours pas en état de fonctionner normalement, et ma tendinite qui ne me lâche pas depuis quelques mois, tout allait plutôt bien. Alors pourquoi pas.

Le départ a lieu à minuit sur la plage d’Albigny et s’étale par vague, minuit c’est pour les meilleurs. Notre fils Julien part en vague 2 et nous 5.

Maxi Race – départ

D’Annecy au Semnoz, 17,5 kms, 1360 mètres D+

Dès les premiers kilomètres au bord du lac, mon tendon me fait souffrir, la douleur s’étend dans tout le mollet. Je réfléchis, je me laisse les 3 ou 4 kilomètres jusqu’à la montée du Semnoz pour décider si je continue ou si j’arrête. Arrêter un ultra 3 kms après le départ serait une grande première, mais 2021 sera une année à oublier pour moi, alors je me dis que c’est dans la juste continuité des choses. Je ne pars réellement pas avec un mental gagnant… Nous ne sommes pas gênés par les coureurs autour du lac, il y a de la place pour tout le monde. Le parcours est plutôt bien fait, la course peut s’étirer avant la montée.

Au bout de quelques kilomètres on attaque la montée au Semnoz, je décide de poursuivre jusqu’en haut. La montée est longue, il y a quand même 1300 mètres de dénivelé. Elle est plutôt régulière, pas technique, on peut même courir par endroit. Les chemins sont plutôt larges. Si le combo mollet/tendon tient jusqu’en haut alors il tiendra jusqu’au bout.

J’ai fait le choix de partir en short et en tee shirt. Ce choix, assez audacieux, me paraissait le meilleur pour la journée de samedi. La nuit en revanche a été très très froide…. et la journée du samedi pluvieuse.

Arrivée au sommet du Semnoz, le vent est glacial, il doit être 3 ou 4 heures du matin, ça souffle fort je n’ai jamais eu aussi froid. Le ravitaillement est couvert, heureusement, il y a de la place. Je m’alimente rapidement, une soupe chaude, du jambon et du fromage, je mets ma goretex et des gants et je repars. Je claque des dents, je me dis que je dois avoir les genoux qui s’entrechoquent, le short par zéro degré c’est un concept. Cela a au moins eu le mérite de me faire accélérer.

Du Semnoz à Doussard, 26,5 kms, 1120 mètres D+

On a 26 kms à faire sans ravito solide. Le début de la descente vers Saint Eustache est sans difficulté, il faut juste faire attention parce qu’il fait nuit. La dernière descente vers Les Maisons en revanche est compliquée. Très technique, glissante, depuis quelques temps il pleut. Terriblement cassante, elle demande une vigilance permanente et l’aide des bâtons !

Le petit bonus arrive vite après, 5 kms de route avant d’arriver à Doussard. 5kms de route durant lesquels on voit un petit point au loin, très loin, la tente du ravito. C’est à ce moment là qu’il faut courir, parce qu’en marchant il faut plus d’une heure pour franchir la distance. Heureusement il fait frais alors je cours, beaucoup de gens marchent. Courir 5 kms à priori ça va, mais courir 5 kms sur du plat après avoir fait 45 kms et s’être massacré les quadris dans une descente difficile, c’est un peu plus compliqué 🙂

Le ravito de Doussard est enfin là. 50 kms c’est toujours le moment où plus rien ne passe, ni solide, ni liquide, je me force à manger, tout me dégoute, alors je reste sur le jambon et le fromage. Je recharge en eau et je repars toujours en short et en tee shirt sous la pluie. Je regarde, amusée, tous les coureurs autour de moi, emmitouflés dans leur collant, leur veste à capuche, avec leur gants, leur bonnet, et je me dis que l’automne est la saison où je ne suis jamais habillée comme tout le monde 🙂

De Doussard jusqu’à Villard Dessus, 22,5 kms, 1660 mètres D+ (Plus un bonus de 5 kms)

Il doit être environ 9h30 du matin, il fait froid, il pleut, et on se dirige vers la montée du Col de la Forclaz. C’est le côté du lac que je connais le mieux, c’est aussi le côté du lac où on va avoir les plus jolies vues. Mais c’est aussi la moitié de la course la plus difficile.

J’ai bien aimé la montée au Col. Elle est assez régulière, ça grimpe bien sûr, 1400 mètres en 15 kms jusqu’au col des Nantets, mais je connais ce coin, et j’adore ce type de paysage. Je grimpe encore à peu près normalement sans avoir besoin de faire de pauses, mais je suis fatiguée, je subis la course depuis Doussard.

Arrivée au Col de la Forclaz on emprunte le chemin de randonnée des 7 fontaines, j’adore ce chemin, on le fait dès qu’on est en vacances à Annecy, je cours sans trop de difficulté. Le mollet ne me fait plus souffrir depuis longtemps, en revanche la douleur au tendon est toujours là et dérouler le pied est de plus en plus difficile.

J’ai eu quelques mauvaises surprises, des chemins très pentus alors que ceux que je pensais emprunter étaient beaucoup plus roulants.

Je connais bien le chemin de Montmin au chalet de l’Aulp, même si on n’est pas toujours passé par des endroits connus. Il fait un froid polaire, le vent glacial souffle jusqu’au Chalet d’Aulp. Je ne me couvre pas parce que je me dis que je serai protéger du vent dès que je tournerai le dos à cette montée.

Arrivée en haut on nous dit que les conditions météo sont trop mauvaises et qu’on ne montera pas tout en haut. En échange on nous offre 4 kms en plus. Sur le moment je suis contente, ça ne durera pas.

Parce que c’est la plus grosse arnaque de la course. Au lieu de 82 kms prévus ma montre affichera 89,5. Il y a peut-être eu un léger bug de ma montre, mais en tout cas on a fait de façon certaine 5 kms en plus. Et surtout, on a fait les 5000 mètres de dénivelé prévu, pas de rab sur le dénivelé donc. Pas grave, mais une mauvaise surprise quand même.

Les kilomètres qu’on nous a généreusement rajoutés, ne sont pas des kilomètres cadeau, la descente fait mal, très mal et elle est longue, très longue. Et arrivent les fameux 4 kms bonus, 5 en fait de plat, voire faux plat montant ou descendant, durant lesquels il vaut mieux ne pas s’éterniser sous peine de passer des heures dans ce secteur. Et c’est reparti pour 5 kms de course sur le plat…. c’est long 5 kms…..

C’est à ce moment là que j’entends dernière moi une voix masculine qui me dit « je peux vous doubler ou pas ? parce qu’avec les femmes aujourd’hui on ne sait plus quoi faire ».

Le jeune qui court à côté de moi me regarde interloqué, il se demande sans doute comment je vais réagir. Si j’avais été près du fossé j’aurais peut-être été tentée de faire basculer le comique du jour dans les fourrés, mais là je suis trop loin !

Le comique en question n’a pas dû être trop gêné par les femmes, nous n’étions que 57 à prendre le départ, sans doute pas plus de 45 à l’arrivée sur 900 coureurs, c’est bon, gros macho, t’avais de la place 🙂 J’avoue je suis un peu méchante là, je pense qu’il a juste voulu faire un petit trait d’humour 56ème degré, mais à ce moment de la course je suis assez peu réceptive !

Je ferme cette petite parenthèse en précisant que cela fait des années que je cours et je n’ai jamais eu le moindre problème à courir avec des hommes. Jamais la moindre remarque sexiste, jamais le moindre comportement déplacé, rien, absolument rien à signaler. Que du positif, des attentions gentilles, de l’entraide pour passer les portions difficiles, un reste de galanterie fort appréciable. On se laisse passer mutuellement quand on court plus vite que le coureur devant. Je cours avec mon mari et mon fils qui n’ont jamais eu le moindre problème à se faire doubler par une femme. Je rajouterai même que sur les ultras nous sommes tellement peu de femmes, que nous sommes toujours 2 fois plus applaudies que les hommes 🙂

Nous arrivons enfin à Planfait, l’air de décollage des parapentes, on doit être à peu près au kms 60, des personnes très sympathiques ont installé un bidon d’eau sur le parcours, je recharge rapidement et je descends vers Villars Dessus, la 3ème base de vie.

Il faut noter qu’il n’y a que 3 ravitos sur cette course, c’est extrêmement peu.

Arrivée à Villard Dessus, je suis exténuée. Il reste 16 kms. Ca va être compliqué, très compliqué. Un gars à côté de moi a dû voir mon air dépité, parce qu’il me dit « interdiction d’abandonner Villard Dessus ok ? c’est la fin maintenant ! »

Je ne pensais pas à l’abandon, je pensais juste qu’il allait me falloir des heures et des tonnes de courage pour boucler les 18 kms.

De Villard Dessus à Annecy, 16 kms, 820 mètres D+

Je repars, et la pluie redouble. Alors 500 mètres après le départ je me décide enfin à ressortir la goretex que j’avais rangé en boule dans mon sac en bas de la descente du Semnoz.

Les paysages sont magnifiques, les couleurs sublimes. Ça me redonne du courage.

Quelques kilomètres plus loin, surprise ! Corinne, Natalia et mon fils Julien m’attendent ! Ce qui veut dire que Julien a fini sa course !!! 4h avant moi 🙂

Autant dire que pour son premier ultra il a fait une course STRATOSPHERIQUE ! Je ne suis pas surprise, j’apprends que Brice mon mari est en train de monter la côte que je m’apprête à grimper, ça me rebooste. Mes 3 dernières courses ont été tellement pourries que je pensais qu’il était beaucoup plus loin devant. Je me dis que finalement je ne suis pas en train de faire une course si nulle que ça.

Mont Veyrier

Mais même reboostée, la dernière montée va être un chemin de croix. Il reste environ 16 kilomètres, 16 kilomètres interminables. Je ne suis clairement pas assez entrainée. Les côtes se succèdent, à chaque fois on pense que c’est la dernière mais il y en a encore une. Dans la forêt du Mont Veyrier qui longe Annecy je suis limite de m’assoir et pleurer. On s’approche du lac je me dis c’est enfin la fin, je veux y croire, mais non, on remonte.

Il a fallu ressortir la frontale, il commence à faire nuit, j’avais espéré une arrivée vers 19h.

Pour la première fois de ma vie, je vais être agressive avec une bénévole. Une nana super gentille qui passe sa nuit à aiguiller les coureurs dans le noir et la pluie. Elle me dit « allez c’est la dernière, après c’est Annecy » sauf que ça fait déjà 10 fois qu’on me dit « c’est la dernière », alors je la regarde et pas du tout gentiment je lui réponds « c’est dingue mais là j’y crois plus du tout, ça fait juste 10 fois qu’on me dit que c’est la dernière ».

Quelques mètres plus loin je m’en veux terriblement, j’ai envie de faire demi tour pour m’excuser, mais même 50 mètres de plus c’est plus que je ne peux en supporter, alors j’entre dans Annecy, je passe la passerelle installée pour traverser la route, et je passe enfin l’arche.

En résumé, une première moitié facile, une deuxième difficile avec beaucoup de portions où il faut courir sur du plat (généralement en trail on court dans les descentes), et des descentes très cassantes, de la pluie toute la journée mais ça ne m’a pas dérangée, des paysages splendides aux couleurs automnales flamboyantes. Des gens tellement gentils tout le long du parcours, un manque d’entrainement certain qui a fait que j’ai beaucoup souffert par endroit, très peu de ravitos où se poser, mais l’immense satisfaction quand même d’être allée au bout.

Etre une femme de 50 ans

J’ai dépasse la cinquantaine il y a déjà quelques années, et depuis quelques temps Facebook and co m’envoient systématiquement des articles sur « comment s’habiller quand on a 50 ans », « peut-on encore faire du sport après 50 ans », « y a-t-il un risque à faire du sport après 50 ans », « avons-nous encore le droit de vivre après 50 ans ? » Non, celui-là je ne l’ai pas encore reçu 🙂

Serais-je en train, s’en m’en rendre compte, de franchir une étape bien plus difficile que l’étape à franchir pour passer des trails longs aux ultra trails ? J’erre en terrain miné….

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Ultra Trail du Mercantour – photos