La SainteLyon

6 ans se sont écoulés depuis notre dernière Saintelyon. Cette course ne ressemble à aucune autre, moitié bitume moitié sentier, un peu plus de 2000 mètres de dénivelé pour 78 kms, ce qui est peu, ce qui signifie donc qu’il faut beaucoup courir, dans des conditions souvent difficiles.

Et cette année, les conditions ont été particulièrement difficiles, une grande édition de la SaintéLyon ! Sous le signe de la boue ! Mais que de boue !! J’ai d’ailleurs beaucoup plaint les coureurs qui n’avaient pas de guêtres.

La saintéLyon, de la boue !

Et comme la boue ne suffit pas, il a fait très froid, il a aussi énormément plu durant quasiment toute la nuit, on s’est vraiment pris des sauts d’eau sur la tête.

Et ça ne suffit toujours pas ? Alors on va rajouter le brouillard, un brouillard tellement épais qu’on n’y voyait pas à deux mètres, tous les ingrédients étaient réunis pour une grande SaintéLyon ! On n’a vraiment pas été déçus.

Résumé en images de cette Saintelyon 2022

La nouveauté de cette année, c’est la présence de notre fils, c’est d’ailleurs à cause… non grâce à lui si on s’est inscrits Brice et moi. En décembre, soit on ne fait rien soit on participe à une autre course qui a lieu le même week end, et qui est magnifique, l’Hivernale des Templiers.

Mais cette année nous avions choisi de rempiler pour une troisième édition de la SaintéLyon. Arrivés directement de Pessac dans l’après midi, nous voilà tous les trois dans la célèbre halle Tony Garnier avec nos dossards.

L’organisation est top, tout va vite malgré la foule, et nous voilà dans le bus, direction Saint-Etienne. Il faut compter à peu près 3/4 d’heure de bus pour rallier Saint-Etienne. Il est à peine 19h quand on arrive dans le gymnase, l’attente va être longue jusqu’à minuit !

C’est vraiment le pire moment de la course. L’attente dans ce gymnase. Bien sûr on n’arrive pas à dormir, c’est difficile de lire aussi, alors on regarde les minutes s’écouler lentement sur la montre… On grignote, on retrouve des copains et des copines dans le gymnase, on essaie de se reposer, mais c’est impossible.

SaintéLyon – l’attente dans le gymnase

Arrive enfin le moment de sortir. Et là bizarrement, on n’a plus tellement envie de sortir 🙂 Il fait très froid, 2 degrés max. On part par vagues. L’attente dehors est interminable, on sort à 23h00, on ne partira pas avant 00h15. Quand le départ sonne enfin je suis plutôt contente, d’autant que je suis en forme en ce moment, donc j’attendais cette course avec impatience.

Comme d’habitude je découpe la course, en fonction des ravitaillements. Les trois premiers tronçons comportent chacun environ 500 mètres de dénivelé, le gros du dénivelé est concentré dans la première moitié de la course. Je ne vais pas parler du paysage, on ne voit rien, on est dans un brouillard à couper au couteau. Je cours avec Brice depuis le début. J’arrive en forme au ravito du 17ème, j’avais décidé de ne pas m’arrêter mais on fait une petite pause quand même.

Je suis toujours autant en forme arrivée à Sainte Catherine au 30ème.

Entre temps j’ai perdu Brice qui m’a doublée dans une descente bien glissante sans que je le vois. Je le retrouve au ravitaillement de Sainte Catherine. Seul les deux derniers ravitos sont couverts, les trois autres sont en plein air, autant dire qu’on ne s’attarde pas plus longtemps que nécessaire.

J’ai été en forme en fait durant toute la course. Aucun problème digestif, aucun coup de mou, rien, un truc de fou qui ne m’arrive quasiment jamais 🙂

La nuit a quand même été longue, je me suis demandée plusieurs fois ce que je faisais là, à patauger dans toute cette boue, à me prendre toute cette eau sur la tête.

Je n’ai pas beaucoup bu parce que l’eau dans les flasques étaient glacée. Mais j’ai mangé, avec appréhension au début et beaucoup plus facilement ensuite. Aux ravitos, je mangeais toujours la même chose, du cake, du fromage, du saucisson, avec un verre de soupe. Et ça passait nickel ! Je ne mangeais pas grand chose entre chaque ravito, je n’en ressentais pas forcément le besoin.

J’aurais bien aimé zapper les deux derniers ravitos, mais Brice n’était pas de cet avis, et il a même fallu que je l’arrache au dernier ravito, parce que je sentais bien qu’il était prêt à y passer deux heures, assis par terre à manger des tucs…

Brice n’a clairement pas fait la même course que moi, la faute à une trachéite qu’il traine depuis plus d’un mois. Autant dire que la course a été un peu difficile pour lui, pas d’énergie, grosse fatigue, d’où les arrêts prolongés aux ravitos, tous les ravitos….

Une fois la dernière grosse séance de boue passée, on se retrouve dans la ville, une dernière grosse côte, une dernière « petite » séance de boue dans le parc, et les rives du Rhône apparaissent.

Les points positifs à retirer de cette course

Le fait de s’entrainer sur du plat. Sur la SaintéLyon il faut énormément courir, ce n’est clairement pas un entrainement trail qu’il faut avoir, mais plutôt un entrainement bitume, et on fait ce qu’on peut dans la boue ! D’ailleurs beaucoup de coureurs font le choix de chaussures de route.

Les côtes ne sont vraiment pas méchantes, ça ne monte pas très raide (sauf une), et ça ne dure vraiment pas longtemps, le mieux quand ça monte est de trottiner doucement si on peut ou de marcher très vite, et ça passe bien.

C’est une course où il faut arriver avec un très très bon mental, parce que le froid, la boue, la pluie, le brouillard, le tout dans la nuit, c’est très compliqué si on n’est pas solide dans sa tête.

En tout cas, je signe volontiers pour l’année prochaine, à moins qu’on ne fasse l’Hivernale, à voir !

Des gâteaux sans gluten

On peut facilement faire de savoureux desserts sans gluten, il suffit juste de changer de farine, et on trouve très facilement des levures sans gluten.

Il faut juste savoir que la farine de riz et la farine de maïs sont assez friables, il faut donc éviter de faire des pâtes à tarte avec, ou alors ne pas mettre que cela, et les introduire en faible quantité.

On peut également remplacer la moitié de la quantité de farine par de la poudre d’amande, c’est délicieux, ça se marie très bien avec les fruits ou le chocolat, et la poudre d’amande est riche en protéine.

4 quarts

Pour tous les gâteaux type 4 quarts, ou gâteaux au chocolat, on peut très facilement remplacer la farine de blé par de la farine de riz, associé à de la maïzena, ou à n’importe quelle autre farine, millet, pois chiches, châtaigne…

Je trouve plus difficile de faire « monter » un gâteau avec de la farine de Sarrazin, donc j’évite d’en mettre.

On peut également mettre de la farine de petit épeautre, qui est en plus beaucoup plus intéressante d’un point de vue nutritif, car elle contient plus de protéines. Mais attention, elle contient moins de gluten que la farine de blé mais elle en contient quand même.

Moelleux aux pommes

Gâteau roulé

Gâteau aux pommes et à la crème d’amande

Crêpes ou gaufres

Il est très facile de remplacer la farine de blé dans la pâte à crêpes. Je mélange de la farine de Sarrazin, de la farine de pois chiches et de la farine de riz. Pareil pour la pâte à gaufre.

Les tartes

C’est le plus difficile, car certaines farines sont friables, comme la farine de riz ou la farine de maïs.

J’ai trouvé un mélange intéressant, mais pas 100% sans gluten, avec de la farine de Sarrazin, de la farine de millet et de la farine de petit épeautre.

La pâte s’étale bien, elle n’est pas friable.

Les cookies et sablés

Comme pour les 4 quarts, je remplace la moitié de la farine par de la poudre d’amande. Je rajoute aussi souvent des flocons d’avoine, et je complète avec la farine, riz, petit épeautre, châtaigne, Sarrazin, comme on veut.

Ma recette spéciale trail

J’ai longtemps cherché la recette parfaite, celle qui ne se réduira pas en bouilli dans mon camelback, celle qui me donnera envie de manger au bout de 10h de course, et j’ai trouvé, à force de tâtonner.

C’est un peu comme un financier, mais plus compact, on est entre la barre de céréales et le financier, mais c’est bon !

  • 125 g de poudre d’amande (pour les protéines et le goût)
  • 3 CS de sirop d’agave
  • 2 CS de miel bio
  • 2 blanc d’oeuf
  • 2 CS de crème d’amande (c’est l’équivalent du beurre de cacahuètes version amande)
  • des amandes effilés pour la déco
  • on mélange tout et on fait cuire dans des petits moules à financier

Je n’ai mangé que ça en dehors des ravitos durant ma dernière course, je n’ai jamais été aussi rapide 🙂

Honnêtement le goût des gâteaux ne changent pas par rapport à des gâteaux 100% farine de blé.

Problèmes digestifs, une lueur au bout du tunnel

J’en parle depuis 2018 sur ce blog, et j’en souffre en fait depuis bien plus longtemps que ça. Ça reste un sujet un peu tabou, pourquoi ? Parce que ce n’est pas glamour de parler difficultés digestives, ballonnements, diarrhée, constipation, et autres ?

Après une quinzaine d’années d’errance médicale, des consultations par paquets, des fibroscopies, coloscopies, 4 passages aux urgences (décidées par les médecins), une quinzaine d’années de réelles souffrance, sporadiques au départ, quasi quotidiennes désormais.

Quand je parle de sortie du tunnel, ce n’est pas parce que je vais mieux, c’est parce qu’au bout d’une quinzaine d’années je commence à pouvoir mettre un nom sur ce mal. Et c’est déjà une grande victoire pour pouvoir avancer.

Je ne suis pas particulièrement « douillette » je supporte plutôt très bien la douleur. On a chacun nos seuils de tolérance vis à vis de la douleur, mais je pense pouvoir plutôt bien la supporter. En course on a forcément mal quelque part à un moment donné, et j’arrive à gérer la douleur, à penser à autre chose, à dévier vers des pensées positives.

Je n’ai jamais réussi à faire dévier mon cerveau de mes souffrances gastriques. La plupart des articles médicaux sur le sujet parlent de « gène occasionnée par la maladie » Une gène ? Un caillou dans la chaussure durant une course, c’est une gène, ne plus pouvoir manger, se tordre de douleur, ce n’est pas une gène, c’est une souffrance. Comment faire quand on vit avec la nausée la moitié du temps ? Quand on n’arrive pas à dormir parce que les intestins bossent sans jamais s’arrêter, à essayer d’assimiler un aliment qu’ils ne peuvent plus assimiler. Quand à la fin d’un repas, on est plié en deux de douleur, parce qu’un aliment, difficile de savoir lequel, est automatiquement rejeté ? La douleur est là, bien réelle, l’angoisse de la voir arriver encore plus. On n’est clairement pas dans le domaine de la gène.

Je vais passer outre les problèmes psychologiques que cela engendre. Finalement le médecin dont je parle ici n’avait peut-être pas tout à fait tort de parler de dépression, sauf que son diagnostic était totalement erroné, la dépression, c’est parfois la conséquence, en aucun cas la cause. Mais comme les médecins ne savent pas d’où le problème provient, on continue à lire partout que les facteurs psychologiques peuvent être la cause du problème, et en plus la maladie touche plus les femmes que les hommes, de là à parler systématiquement de problèmes psychologiques, il n’y a qu’un pas.

Aujourd’hui, je regarde avec suspicion tout ce qu’il y a dans mon assiette. Manger ailleurs que chez moi est difficile.

Et je ne parle pas des courses, les deux dernières années j’ai cumulé plus d’abandons qu’en 30 ans de sport, dus à l’impossibilité de m’alimenter, c’est la raison pour laquelle je ne publie plus grand chose sur ce blog, ce n’est pas marrant de parler d’abandon, j’aime bien parler de choses plus positives quand je fais référence au sport.

Alors quid aujourd’hui ? Ce n’est pas terminé, loin s’en faut, sauf que désormais au bout de moult consultations médicales, j’ai un début d’explication, et je peux commencer à gérer les crises avant qu’elles ne surviennent. Ça ne marche pas à tous les coups, il y a beaucoup de ratés, mais il y a un léger mieux, très léger pour l’instant.

Le syndrome de l’intestin irritable

C’est gentillet comme nom. Ça ferait presque sourire. Dans la réalité c’est usant. C’est une pathologie nouvelle, enfin de moins en moins nouvelle, mais à l’échelle de la médecine c’est nouveau. Il y a donc peu de praticiens compétents sur le sujet.

Alors c’est quoi concrètement ? Je ne suis pas médecin, mon explication sera succincte. Il s’agit la plupart du temps d’une grande perméabilité de la paroi intestinale, l’intestin devient poreux, sans doute également un déséquilibre de la flore intestinale, qui provoque une fermentation de certains aliments. Mais c’est vraiment le flou le plus total sur le sujet, de même que la cause du problème. J’ai eu il y a une quinzaine d’années, une grave intoxication alimentaire, cela pourrait venir de là. Honnêtement aujourd’hui je me fiche de savoir comment c’est venu, je veux juste m’en sortir.

Les conséquences, j’en ai parlé plus haut, des douleurs incessantes, l’impression d’avoir en permanence quelque chose « qui ne passe pas » dans les intestins. Des douleurs abdominales plus ou moins intenses, le ventre devient dur comme du béton, c’est visuellement assez impressionnant, et tout un tas d’autres symptômes tout aussi glamour. Dans le pire des cas, au bout d’un moment la douleur déclenche une migraine insoutenable et direction le médecin, et les urgences ensuite.

Pour ma pratique sportive, c’est devenu compliqué, beaucoup d’abandons liés à l’impossibilité de manger, de boire, et aux douleurs également. C’est difficile de courir pliée en deux. J’ai fait une croix sur 2 UTMB, une course au Templier, et quelques autres encore, sans parler de celles que j’ai réussies à faire mais dans un état catastrophique.

Aujourd’hui au bout d’une quinzaine d’années, j’arrive à peu près désormais à connaitre les (nombreux) aliments que je ne digère plus.

En premier, on va mettre les graisses cuites. Terminés les moelleux au chocolat, beurre, chocolat, oeuf, le mélange est redoutable. J’ai craqué il y a deux jours, j’ai été malade pendant les deux jours qui ont suivi. Terminées les raclettes, tartiflettes, frites, etc

Terminés tous les aliments gras en fait, la charcuterie, les chips, cacahuètes, et autres (bonnes) choses de l’apéro ! Ou alors à très petite dose.

Tous les aliments qui fermentent, en premier lieu les fameux Fodmap. Ce sont essentiellement des types de glucide contenus dans le blé, les fruits et légumes qui fermentent plus que les autres. Les fruits et les légumes à faible teneur en fructose sont bien tolérés, les légumes riche en amidon, comme la pomme de terre, également mais plus d’oignons, d’ails, de poireaux, de champignons, de petits pois, de chou-fleur, d’abricots, de pommes, de pêche, pastèque…. la liste est longue.

Le lactose et le gluten. J’ai mis deux semaines à me remettre de quatre jours passés en Italie, trop de pâtes, de pizza, de pain ….

Je peux manger à toute petite dose certains aliments figurant sur ce que j’appelle ma liste noire, mais je dois faire attention à ne pas les cumuler. Je pense qu’au fil du temps la situation s’est fortement dégradée. Il y a une quinzaine d’année, j’avais ce que j’appelle une ou deux crises par an, dont je mettais trois semaines à me remettre, désormais si je ne suis pas vigilante, la sanction est immédiate.

Alors la situation, vue comme ça, ne parait pas terrible. On peut se demander ce qu’il reste dans mon assiette ? Dans les faits, pas mal de choses quand même, j’arrive à peu près à m’en accommoder. Cela m’a pris du temps, désormais c’est presque un automatisme, à condition que je puisse manger chez moi. Et de temps en temps je fais des écarts, que je regrette quelques heures après. Je ne mange quasiment plus aucun aliment transformé. Je ne mange plus de sucre ajouté, mon dernier paquet de sucre acheté doit dater d’il y a deux ans.

Et surtout, il est possible de « remplacer » certains aliments de la liste noire. Par exemple, le pain. Je ne mange plus de pain blanc, mais je fais mon pain sans farine de blé, et il est très bon. Je ne mets plus de farine de blé dans les crêpes non plus, mais je mange très souvent des crêpes. Idem pour les gâteaux.

En fait, je ne me prive de quasiment rien, j’ai juste appris au fil de temps à cuisiner différemment.

J’arrive même à positiver sur le sujet, il est beaucoup plus facile pour moi de me « priver » de certains aliments, sachant qu’ils vont me rendre malade.

J’ai pour l’instant abandonner l’idée de faire des courses qui durent plus de 10 ou 12 heures, parce que au delà je ne peux plus gérer convenablement mon alimentation, et ça produit des catastrophes comme sur l’UTMB.

Je me fais quand même plaisir avec quelques belles courses, mais plus courtes. Je ne désespère pas de revenir sur ces longs formats, quand je serai certaine de pouvoir les gérer convenablement.

Les deux semaines avant une course, je m’astreint à un régime hyper strict, je bannis tous les aliments nocifs pour moi, pas d’alcool, pour arriver en forme le jour J. Et durant la course, je n’emporte que des aliments que j’ai cuisinés moi-même, je commence à avoir quelques bonnes recettes. Sur les ravitos c’est très compliqué car souvent il n’y a pas grand chose. j’évite toutes les boissons gazeuses, les cacahuètes, la charcuterie, j’essaie de manger du pain d’épice quand il y en a, du fromage (il y en a rarement), des fruits secs. Ça a payé sur ma dernière course au pays Basque.

Gotorlekuen Itzulia Trail

42 kms, 3000 de dénivelé.

Départ du Gotorlekuen Trail à Saint Pée sur Nivelle

L’année dernière la course m’avait laissé un sentiment mitigé. Je l’avais trouvée très difficile avec un fort ratio kms/dénivelé, des descentes extrêmement techniques. Mais j’y suis quand même retournée, parce que c’est le Pays Basque et que le parcours est magnifique. Sous le soleil, ça ressemble à ça.

Gotorlekuen Itzulia Trail

Mais cette année c’était pluie et brouillard, pas froid par contre. Le ciel est très menaçant au départ, mais il ne pleut pas encore.

Après deux ans passés à Pessac, mon entrainement au dénivelé est loin d’être au top. Brice est blessé depuis un mois, j’ai perdu momentanément mon partenaire de course, le seul dénivelé pour moi consiste à monter les escaliers du Bourgailh… je n’ai pas fait une seule fois la Rhune, aucun entrainement à Bouiliac non plus, rien…Je ne pars pas en toute confiance sur cette course. La distance ne me fait pas peur (on a fait les 80 kms de la Saintelyon début décembre), mais le dénivelé si ! J’ai également depuis deux semaines une sévère rechute de mes problèmes gastriques, je ne peux quasiment rien manger, à part du riz et des pommes de terre… Mais tel Jean-Claude Duss, un maitre à penser sous côté en sport je trouve :-), je me suis dit « oublie que tu n’as aucune chance, et vas y ! » Et tant qu’à y aller, je vais me fixer un objectif ambitieux, arriver en haut de la Rhune avec 30 mn d’avance par rapport à l’année dernière. A ce moment là, Brice a quand même essayé de calmer mes ardeurs, en me disant que 15 mn serait déjà pas mal… mais dans un coin de ma tête je garde 30.

Je décide de me préparer mes propres « barres » (une super recette à base de blancs d’oeuf et d’amande en poudre, une sorte de financier plus solide, délicieux !) et j’essaierai durant la course de faire attention à tout ce que je prends sur les ravitos, avec interdiction pour moi de toucher aux boissons gazeuses, pas de Saint Yorre, pas de coca. Je pars avec quelques contraintes quand même, et beaucoup d’angoisse. Je ne vais boire que de l’eau durant toute la course. Je vais donc devoir trouver une autre façon d’avoir un apport en sel, charcuterie, fromage, des choses que je ne digère plus en fait.

Au moment du départ, la confiance n’est pas extrême, mon niveau de stress est même assez élevé, d’autant que la météo s’annonce mauvaise. Cette année on ne profitera pas du paysage exceptionnel, il a plu quasiment toute la journée et la moitié de la course s’est faite dans le brouillard, la météo, ça ne se contrôle pas. Mais en toute honnêteté je préfère nettement le froid à la chaleur.

Et malgré tout, j’ai pris un plaisir fou à faire ces 42 kms. Et chose totalement inhabituelle, j’ai pris du plaisir pendant 42 kms.

Dès les premiers kilomètres j’ai senti que la course allait bien se passer. Je n’aime pas trop ce sentiment d’ailleurs et j’essaie de lutter contre, parce que ça marche aussi en sens inverse, il arrive que les débuts de course soient poussifs et malgré tout il faut continuer. Et parfois la tendance s’inverse. Du coup, mon objectif de 30 mn en moins, me trotte dans la tête.

Du départ au train de la Rhune à Ascain, 9 kms 579 D+

Le départ jusqu’au train de la Rhune à Ascain est plutôt roulant, avec deux petites bosses quand même. J’ai gagné 15 mn par rapport à mon chrono de l’an passé. Mais sur le moment je n’y ai pas prêté attention.

Premier ravito, je bois de l’eau, j’attrape un morceau de saucisson, du pain d’épice et des abricots secs, que des aliments que normalement je n’aime pas du tout (sauf le saucisson bien sur), mais qui bizarrement passent très bien en course.

Je ne m’attarde pas au ravitaillement et attaque la montée de la Rhune.

Du train au sommet de la Rhune, kms 14, 1340 D+ cumulés

Je ne sais pas ce qui va se passer durant cette montée de la Rhune, je suis hyper bien. Je monte sans difficulté. Il fait froid, de plus en plus froid au fur et à mesure que l’on monte, ce qui est une excellente nouvelle pour moi ! Je m’arrête à 200 mètres du sommet pour mettre ma goretex, il y a énormément de brouillard, on n’y voit pas à 20 mètres et il pleut. Arrivée en haut, je regarde ma montre et je m’aperçois que j’ai 1h15 d’avance sur mon chrono de l’année dernière ! Pas 15 mn, pas 30, non, 1h15 !! Je suis tellement interloquée que je vais demander confirmation à quelqu’un, je pense sur le moment que ma montre buggue. Je savais que la montée s’était bien passée, mais à ce point, c’est inespéré !!

A partir de là, je vais courir avec le sentiment diffus que forcément je vais payer cette petite audace à un moment ou à une autre. Et en même temps, j’ai des ailes aux pieds ! Il reste quand même à peu près 28 kms de course, et plus de 1500 mètres de dénivelé. Alors malgré tout je ne ralentis pas et je me dis que tant que ça passe je continue et j’aviserai le moment voulu. Ce qui est évidemment une très mauvaise stratégie de course, mais sur le moment ça m’a paru être une bonne idée.

Du sommet de la Rhune au ravito de Trabenia, kms 20, 1700 D+ cumulés

Les organisateurs ont modifié le tracé de la descente de la Rhune. L’année dernière c’était apocalyptique, droit dans la pente dans la boue et la roche glissante. Cette année c’était un peu plus praticable, même si ça reste la Rhune, on n’est pas non plus dans du 100% praticable. Quelques belles glissades plus tard, je me retrouve en bas, en route pour la petite Rhune.

Par contre là, aucune modification du tracé de la descente, je crois que c’est la pire descente que je connaisse, très raide et très boueuse, les quadris souffrent.

J’évite de regarder ma montre avant l’arrivée au ravitaillement, même si je n’ai pas le sentiment de ralentir. Et je constate avec bonheur que j’ai maintenu mon avance d’1h15 par rapport à mon chrono de l’an passé.

Je m’arrête 10 mn au ravito le temps de manger et de recharger en eau, et j’attaque la grosse montée, toujours avec ce sentiment que je vais payer mon heure d’avance !

Du ravito du kms 22 au ravito du 30ème (train d’Ascain), à peu près 2300 D+ cumulé

Mais non ! Toujours pas ! Je grimpe sans difficulté les 600 mètres de dénivelé qui nous ramène à Ascain. Le terrain ici n’est pas technique, en temps normal c’est même très joli, on peut courir sur le plat et dans les descentes, mais la montée est quand même bien raide, c’est en cas général ici que l’on commence à voir des coureurs en difficulté.

Gotorlekuen Itzulia Trail

Bien évidemment la photo date de l’année dernière. Une photo prise dans le brouillard et sous la pluie, ça ne rend pas pareil. Mais c’est raide, très raide. J’arrive à Ascain, en me disant « plus que 12, quoi qu’il arrive je finis ! et tant pis si je fais tout en marchant ».

Les 12 derniers kilomètres, 500 mètres de D+ restants

Et bien non ! Toujours pas fatiguée, les jambes vont bien, le cardio aussi, je cours partout où je peux courir, y compris dans les faux plats montants, les descentes sont bien glissantes, mais ça passe. Il reste trois montées, je m’en souvenais très bien, pas très longues mais à ce moment de la course, toutes les montées même les plus courtes sont difficiles, je vais même faire une folie et m’offrir un demi verre de coca au dernier ravito ! et j’arrive avec bonheur à Saint Pée sur Nivelle en ayant conservé mon 1h15 d’avance. Je suis contente de voir Brice et les filles à l’arrivée ! Je suis trempée, je commence à avoir froid.

Arrivée du Gotorlekuen

Franchement je suis hyper satisfaite, je crois que je n’ai pas fait une aussi bonne course avec d’aussi bonnes sensations depuis la TDS en 2018 ! J’avais également eu de très bonnes sensations sur la Saintelyon.

Je finis au pied du podium de ma catégorie, en ayant le sentiment que je n’aurais pas pu faire beaucoup mieux, donc très satisfaite de cette journée.

Alors globalement que s’est-il passé ? Il y a deux mots que je déteste, ce sont les mots chance et hasard. En sport ça n’existe pas. Je pense que paradoxalement, mes sempiternels problèmes gastriques m’ont aidée. Pendant les deux semaines qui ont précédé la course, j’ai suivi contrainte et forcée un régime très strict, sans alcool, sans sucre, sans fodmap, sans graisse cuite, sans rien en fait. Du riz, des pommes de terre, les légumes que j’arrive à digérer et des oeufs. Evidemment je ne mange pas comme ça toute l’année, seulement en période de « grosses crises ». J’ai perdu plus d’un kilo, sachant que durant les 6 derniers mois toujours à cause de ces maudits problèmes, j’en avais déjà perdu 3.

Je viens de traverser deux années sportives assez difficiles, quelques blessures, énormément de soucis digestifs, baisse de moral, baisse de forme, pas mal de courses ratées, et depuis quelques mois je sors enfin du tunnel. Ce qui est très positif.

Tout ça mis bout à bout a fait que malgré le stress, je suis partie avec un mental gagnant, tout le contraire de ce que je vivais depuis deux ans, et ça a payé.

Tout le long de la course, j’ai focalisé sur l’alimentation, avec un stress énorme, celui de ne plus pouvoir manger, celui d’avoir tellement mal, qu’au bout d’un moment je me retrouve pliée en deux, ce qui n’est pas pratique pour courir, et qui m’arrive de façon chronique en course. Donc aucune boisson pétillante, j’ai tout fait à l’eau, je n’ai mangé que mes pseudos financiers et 2 pompotes, et sur les ravitos, je prenais du pain d’épice, des abricots secs, j’ai mangé quelques tuc pour l’apport en sel. Malheureusement il n’y avait pas de fromage, on est pourtant au pays du fromage de brebis ! J’ai du me contenter de quelques tranches de saucisson mais vraiment très peu. Je ne mangeais jamais avant une descente, toujours en bas ou durant une montée. Et ça a fonctionné !

7h30 pour ces 42 kms et 3000 mètres de D+