Gotorlekuen Itzulia Trail

Saint Pée sur Nivelle, 42 kms 3000 mètres dénivelé

Pour tous ceux qui comme moi n’aiment pas courir idiot et qui ne parlent pas basque, cela signifie approximativement Le Tour des Redoutes. Nous allons donc courir sur les terres où se trouvent les Redoutes Napoléoniennes utilisées par l’armée du Maréchal Soult contre les troupes britanniques de Wellington en 1814.

Autant dire tout de suite que je n’ai pas passé mon temps à chercher les redoutes, il faut dire que le paysage était plutôt époustouflant, les descentes dantesques, et les montées verticales droit dans la pente 🙂

La Rhune

Sans exagération et sans chauvinisme, nous sommes dans l’un des plus beaux coins de France. L’émerveillement ne va jamais me quitter durant la course, la crainte de la chute non plus.

On m’avait prévenu, ce ne sera pas une partie de plaisir. Déjà le ratio dénivelé/kilomètres interpelle. L’un des plus élevé que je connaisse, cela signifie que ça va monter très fort, et que ça risque de descendre aussi très fort. Je n’ai pas été déçue. Quasiment 3000 mètres de grimpette (2957 à la montre) pour 42 kms, à titre de comparaison notre prochaine course, l’Ultra trail des Balcons d’Azur affiche 3500 de dénivelé pour 80 kms de course.

On peut dire quand même qu’on a eu de la chance, les deux jours précédents la course il est tombé des trombes d’eau. Le terrain va être du début à la fin un champ de boue glissant, parsemé de roche toute aussi glissante. Où est la chance la dedans ? Il aurait pu pleuvoir aussi le jour de la course, mais non, il a fait un soleil radieux.

Petit aperçu du terrain pendant quasiment l’intégralité de la course

Le départ a lieu à Saint Pée sur Nivelle, il ne fait pas froid, on part en short et en tee shirt. Je fais le choix d’un départ sans bâtons. Quasiment tous les coureurs avaient des bâtons. Rétrospectivement je ne regrette pas mon choix, je l’ai un peu regretté durant la course, dans les montées très raides, c’est quand même une aide précieuse, mais les descentes étaient tellement terribles, ils m’auraient gêné quand la meilleure solution pour ne pas tomber reste de s’assoir dans la boue et glisser quand le terrain n’est pas trop rocheux.

Et puis cette course reste une étape d’entrainement en vue de l’UTMB fin août alors si les quadris doivent travailler plus sans bâton ce n’est pas plus mal.

Du départ au train de la Rhune à Ascain, 8,5 kms 579 D+

La couleur s’affiche des le départ de Saint Pée avec une montée droit dans la pente, à la verticale dans la boue, il y avait une corde pour s’accrocher mais elle avait tellement été piétinée qu’on la voyait à peine. Petite attente à ce moment là, le temps que la file de coureurs s’étire. Dès le départ on peut se dire que ça ne va pas être forcément simple. Mais je suis en forme et hyper contente d’être là. Mise à part cette grosse montée et quelques descentes bien glissantes, la course est plutôt roulante.

Du train au sommet de la Rhune, kms 13, 1340 D+ cumulés

La course s’étire ensuite jusqu’au petit train d’Ascain, au pied de la Rhune. On connait bien la Rhune avec mon mari, on vient s’entrainer là dès que l’on peut, mais là on va monter par un chemin que nous n’avions jamais pris. C’est plutôt une bonne surprise, car il est moins rocailleux que celui qu’on a l’habitude de prendre, en contrepartie on va patauger dans la boue toute la montée. La Rhune culmine à 900 mètres d’altitude.

La montée se passe bien, excepté une méchante migraine ophtalmique qui ne passera que arrivée en haut. La réverbération du soleil sur les flaques d’eau et la boue est terrible, et je n’ai pas pris de lunettes de soleil. Mais là encore je vais avoir de la chance. En cas général, quand le voile sur l’oeil disparait il laisse la place à une migraine terrible, et là… rien ! Ma vision s’est dégagée pile arrivée en haut et la migraine n’est pas apparue, et heureusement !!

Du sommet de la Rhune au ravito de Trabenia, kms 20, 1600 D+ cumulés

Que dire de la descente qui nous attend en haut de la Rhune ? Je ne connaissais pas ce passage, et je n’aurai pas l’occasion de le reprendre je pense. On nous avait prévenu durant le briefing, ça va être dantesque. Puisqu’on parlait des redoutes napoléoniennes, là c’est un peu la retraite de Russie, pas de chemin tracé, des coureurs et des coureuses éparpillées debout ou par terre un peu partout à la recherche du chemin le moins dangereux au milieu de la boue et des rochers. Dès que je peux, je m’assois et je glisse. Ça va quand même me prendre un temps infini pour arriver en bas. J’ai perdu beaucoup de temps dans cette descente. Mais je ne suis pas la seule.

Ensuite c’est une succession de montées et descentes très techniques.

Du coup, il faut que je me dépêche pour arriver dans les temps au point de contrôle ! Ces courses très techniques ne sont pas faites pour moi, je suis une très mauvaise descendeuse.

Je profite quand même du paysage. Honnêtement même si c’est difficile, j’ai la sensation de passer une bonne journée ! Je grimpe bien, mais les descentes me pénalisent terriblement. Je vais quand même vivre un petit moment de stress en me disant que j’ai un peu trop profité du paysage et que je risque de me faire refouler à la barrière horaire.

C’est à ce moment là que je croise Mathieu dans la montée, il marche avec difficulté, il est tombé dans la descente de la Rhune, sans doute arrachement des ligaments de l’épaule. Quand je disais que cette descente était terrible. Il me dit que si je donne tout dans la prochaine descente j’arriverai à temps pour la barrière du km 22. Je réfléchis quand même quelques secondes, parce que tout donner dans ces descentes merdiques, ça peut être fatale quand même. Je viens de voir une coureuse faire un soleil devant moi, suivi de Mathieu, j’hésite quelques secondes, et je termine la montée, limite en courant, le cardio à 170, avant d’attaquer la descente aussi vite que je le peux. J’ai tout donné là 🙂

J’arrive 5 mn avant ce que je croyais être la barrière, finalement ils laisseront passer les coureurs pendant plus d’une heure encore ! Et heureusement parce que sinon une grande partie de la course aurait été arrêtée, il y a beaucoup de monde derrière moi. Franchement cette barrière me laisse perplexe ? D’autant que je vais passer la suivante sans aucune difficulté. Je n’ai pas compris ?

Du ravito du kms 22 au ravito du 30ème (train d’Ascain), à peu près 2300 D+ cumulé

Je sais que je ne vais pas mettre deux heures à faire les 8 prochains kilomètres alors je me décontracte après ce petit coup de stress, et je repars. Je suis toute seule depuis le début de la course, Brice et Yohan sont devant, Mathieu va s’arrêter au 22ème.

J’attaque la montée, il fait chaud ! Mais ça se passe plutôt bien. Mes intestins me stressent. Je suis partie avec déjà quelques problèmes intestinaux et il n’y a que du sucré aux ravitos, plus des chips et des tucs, mais pas de fromage (grosse grosse déception), pas de jambon, donc je mange du sucre et rien que du sucre depuis 6 heures. Je commence à être écoeurée, et c’est pas bon, parce que la course n’est pas finie. Je regarde mes barres avec dégout mais il faut manger, j’arrive encore à me forcer mais dans quelques kilomètres ça va s’arrêter.

On redescend sur Ascain par un chemin que je ne connaissais pas. Ce n’est pas le plus praticable pour redescendre de la Rhune, mais j’ai compris depuis longtemps qu’il n’y aurait aucun cadeau sur cette course.

Les 12 derniers kilomètres, 500 mètres de D+ restants

Arrivée au petit train de la Rhune, il reste environ 12 kms. Je mange quelques fruits secs, c’est le dernier truc que je vais manger. Plus rien ne passe. J’arrête l’isostar, ça me donne carrément envie de vomir. Je me dis que sur 12 kilomètres ça va passer. Il reste à peu près 500 mètres de dénivelé. Mais bizarrement, même pliée en deux à cause de ces maudites douleurs intestinales, je suis encore bien. J’arrive à avancer, j’arrive encore à m’émerveiller du paysage, franchement c’est sublime. On traverse je ne sais pas combien de ruisseaux, on monte, on descend sans cesse, mais de petits dénivelés, on patauge dans la boue encore et encore, mais que c’est beau !

Gotorlekuen Itzulia Trail

Je vais finir en 8h40, c’est 30 mn de plus que ce que j’avais escompté, mais vue l’état du terrain je suis contente ! Je retrouve Brice qui est arrivé 45 mn plus tôt, très belle course, il a couru avec Yohan qui est en train de déguster son entrecôte, et j’apprends que Matthieu est aux urgences 🙁

Je suis contente d’être venue à bout de ce chantier ! C’était pas une course pour moi, j’aime les terrains plus roulants, même si ça veut dire courir plus. Comme entrainement on ne pouvait rêver mieux.

Et c’est quand même la première fois que j’ai autant de courbatures dans les bras que dans les quadris, alors que je n’avais pas de bâton, j’ai dû passer un peu trop de temps à m’agripper aux rochers !

Les photos de la course

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