Le sport, une formidable leçon de vie

Si j’aime tant le sport, ce n’est pas uniquement parce que j’aime le vert et le dénivelé, c’est aussi parce que c’est une belle leçon de vie, et que ce que l’on vit à travers le sport, on peut généralement l’appliquer au quotidien.

Ce week end durant le Trail des Merveilles, j’ai cumulé toutes les erreurs possibles et imaginables, en premier lieu parce que je suis partie confiante.

Un peu de stress ne fait jamais de mal

C’est la deuxième fois que je commets cette erreur. La première fois c’était sur les 100 kms de la transaubrac. Et les deux fois je l’ai payé cher. C’est rare que ça m’arrive, généralement je suis plutôt du genre à penser que ça va être difficile, que je vais devoir ramer pour y arriver. Mais là, 28 kms, ça me paraissait abordable.

Le fait d’être stressé fait que l’on est plus vigilant, plus à l’écoute de ce qui pourrait arriver, on arrive à anticiper les problèmes. En temps normal je ne serais pas restée quasiment 2 heures sans boire ni manger, mais là je me suis dit que sur une petite distance ce ne serait pas préjudiciable.

En temps normal, je ne serais jamais partie avec une paire de chaussures de running avec lesquelles je n’avais couru que deux fois, il a vraiment fallu que je sois confiante pour faire une erreur pareille !

Boire et manger avec régularité.

Ça grimpait fort, toutes les 5 mns je remettais à plus tard le moment de grignoter jusqu’à en oublier le principe fondamental, une barre par heure minimum, généralement je m’alimente toutes les 20 mn. Il faut attaquer la montée en ayant suffisamment d’énergie. La nourriture ne se transformant pas en énergie en 2 secondes, la seule solution est de s’alimenter avec une régularité de métronome.

Le fait de ne pas s’hydrater correctement se paie très cher. On peut rétablir la situation, mais elle ne le sera que 2 ou 3 heures après, donc pendant 2 ou 3 heures on vit un véritable purgatoire, plus de jambes, plus de tête, plus de mental, plus rien.

Ne jamais sous estimer la difficulté

On est souvent impressionné par le kilométrage. Le plus difficile à gérer à mon sens c’est le dénivelé. Je ne dis pas que faire 100 kms c’est facile, très loin de là !! Mais il y a une grosse différence entre une course de 40 kms avec 2000 mètres de dénivelé, et une course de 28 kms avec 2000 mètres de dénivelé. Ce n’est pas très difficile à comprendre, plus le dénivelé s’étale dans la distance plus il est facile à gérer. Sur les courbes des courses, il est facile de voir quand ça va monter ou descendre fort. Ca passe généralement au rouge foncé.

courbe de dénivelé du Trail des Merveilles

Sur l’hivernale des Templiers par exemple, on a fait 65 kms et 2300 mètres de D+, juste 300 mètres de plus que sur les 28 kms du trail des Merveilles pour plus du double de kilomètres !

Ne jamais sous estimer la technicité du terrain

J’ai tendance à penser que dans le Mercantour, on a le terrain le plus technique. Les descentes sont parfois à la limite du praticable (pour les coureurs du peloton comme moi, pas pour l’élite bien sûr). Cette descente là est la dernière du 42 kms de Gorbio. On a eu les mêmes sur ce trail des Merveilles. Si on n’a pas les jambes pour attaquer ça au bout de 38 kms de course, on est fichu :-). C’est aussi la raison pour laquelle on ne peut jamais extrapoler son temps d’une course à l’autre. Entre la météo qui va rendre un terrain plus ou moins praticable, des rochers, des cailloux vs un terrain roulant, la différence de chrono sur des courses de même kilométrage peut être de plusieurs heures.

42 kms de Gorbio

Gérer la fatigue mentale

C’est de loin le plus difficile. Et dans la vie quotidienne c’est la même chose je pense. Arriver à gérer ce sentiment de « loose totale » d’impuissance à corriger une situation qu’on a parfois provoquée ! Je ne dis pas qu’à chaque fois qu’on est dans une situation difficile, on l’a provoqué, mais dans ce cas précis, tout était de ma faute.

J’ai terminé 187ème sur 225. Je me suis fait doubler, doubler en encore doubler jusqu’à avoir l’impression d’être la dernière en course. A la fatigue persistante et à l’impression de faire du sur place s’ajoute la fatigue psychologique liée au fait que tout le monde a l’air de s’en sortir très bien.

Et en conclusion, se dire que quoi qu’il arrive, les échecs nous font toujours progresser.

A condition de faire un minimum d’auto critique bien sûr. Si on pense qu’on a raté le devoir de français parce que le prof n’a pas su comprendre notre style, c’est foutu :-). Ce n’est pas du vécu, mes enfants savent très bien que c’est le dernier argument qu’ils peuvent me donner 🙂

J’aime bien me dire qu’au bout de plus de 30 ans de pratique de ce sport, j’apprends toujours. Ce serait déprimant sinon. Et ce week end, j’ai beaucoup appris.

Il y a quelques années, j’aurais été dépitée à l’arrivée, je serai rentrée grognon chez moi, en disant « c’est la dernière fois ».

Aujourd’hui, je suis juste contente d’avoir réussi tant bien que mal à gérer une situation que j’ai rendue compliquée par mes erreurs.

Parce que la première leçon à tirer de tout ça, c’est que si j’avais géré les choses avec un peu plus d’intelligence et de clairvoyance, tout aurait pu être complètement différent 🙂

La deuxième leçon à tirer d’un échec, ça peut paraitre contradictoire avec tout ce que j’ai écrit plus haut, c’est qu’il faut être bienveillant envers soi-même. On échoue, on rebondit et on repart, et peut-être échouera-t-on encore la fois d’après. Et en fait j’ai beaucoup ri (intérieurement), en tentant misérablement de franchir tous les obstacles, je me disais « crois tu qu’en t’appliquant tu peux le faire encore plus lentement, avec encore plus de mauvaise volonté ? » Si ce n’est pas de la bienveillance…. 🙂

 

 

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