Saintelyon

29708406C’était ma première Saintelyon, peut-être la dernière ?

72 kms, 2000 mètres de dénivelé.

La course en elle-même s’est bien passée, ce sont tous les à côtés qui ont été pénibles.

Je vais donc essayer de ne pas porter un regard trop négatif sur cette course. Après tout je l’ai finie, et physiquement ça s’est bien passé, c’est quand même l’essentiel.

Je suis arrivée à la Saintelyon fatiguée par un gros rhume qui n’arrivait pas à passer, mais je voulais tellement mes 2 points que j’aurais pu faire cette course avec une jambe cassée (il faut avoir fait 2 courses à 2 points en maximum deux ans pour pouvoir s’inscrire aux 100 kms de la CCC).

Dès le départ tout a été un peu compliqué. Un embouteillage monstre a considérablement retardé notre arrivée à la Halle Tony Garnier où nous devions retirer les dossards, je voyais l’heure tourner, je commençais à me dire qu’à ce rythme nous aurions du mal à prendre le dernier bus pour Saint Etienne. Quand nous arrivons enfin dans la halle, j’ai un mal de tête épouvantable, je déteste ces organisations compliquées. Mais il faut bien gérer 14000 dossards, pas facile non plus pour l’organisation. Il me faut un doliprane, encore un !!

14000 dossards en tout, 6500 sur le 72 kms, je me dis que je vais me retrouver sur le périph aux heures de pointe, oubliées les sorties solitaires dans le Mercantour !! Mais dans les courses de nuit, le mental c’est 70 % du résultat de la course, alors je pratique la méthode Coué et je me répète inlassablement « tout va bien se passer, tout va bien se passer ». Mais là pour l’instant en regardant la file d’attente interminable pour récupérer les dossards, je me sens juste oppressée. Le mal de tête ne fait que s’amplifier.

Le dossard, enfin ! ouf ! 2 étapes franchies, reste le bus jusqu’à Saint Etienne et les 4 heures d’attente dans le gymnase… et les 72 kms, je les avais presque oubliés ceux là !! décidément y’a rien à faire, Coué est nul aujourd’hui, ça marche pas !!

Le trajet en bus est plutôt sympa finalement et on arrive enfin dans le gymnase, on retrouve les copains, on s’installe par terre, et l’attente débute…. je mange, je papote, je remange, je repapote, je me lève pour aller aux toilettes, ça fait passer le temps…en fait j’ai du mal à tenir en place, mais bon finalement ça passe assez vite.

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Gymnase Saint Etienne

 

Saint Etienne

 

Et on se retrouve enfin au départ de la course à minuit. Je suis tellement contente d’être dehors que je n’ai même pas froid. Par contre on se retrouve loin dans l’immense foule des coureurs, ce qui ne va pas faciliter notre début de course.

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La course débute par 7 kms de plat, ce qui est une très bonne chose. Ca fait longtemps qu’on n’a pas vu ça avec Brice, ça y est je positive enfin !! Pour la première fois depuis le début de la journée je me sens bien, et je me dis ENFIN que tout va bien se passer ! Il y a beaucoup de monde, beaucoup de passages où j’aurais aimé courir mais je ne pouvais pas, trop d’embouteillage, finalement c’est pas plus mal, on part quand même pour 72 kms !

Les choses vont se gâter à nouveau au 1er ravitaillement. L’organisation n’avait visiblement pas prévu que la très grande majorité des 6500 participants arriveraient en même temps. Dans une course, il y a l’élite, les coureurs les plus lents en fin de course et tous les autres au milieu ! les 3 premiers ravitaillements ont été cauchemardesques, impossible de s’approcher de l’eau ou de la nourriture, une foule ahurissante, le ton qui commence à monter entre coureurs (on ne peut en vouloir à personne d’avoir une attitude parfois pas très sportive, il fait froid, au 30ème kilomètre on commence à être fatigué, on ne contrôle plus grand chose), alors quoi ? il va falloir se battre pour remplir sa poche d’eau et récupérer un malheureux bout de fromage ? non quand même pas !!  je me dis que je vais partir sans eau et sans solide, heureusement une petit voix me souffle quand même « tu ne t’appelles pas Kilian Jornett, tu en peux te permettre, toi, de partir sans eau ni nourriture » alors MANGE et BOIS, ok finalement j’attends.

Heureusement Brice est là, il arrive à se faufiler pour remplir son bidon et ma poche d’eau. L’entraide est quand meme là, on se passe les gobelets, chacun se débrouille comme il peut, une fille se précipite sur moi « t’as trouvé du fromage, d’où il vient ton fromage ? » Je me retourne je lui montre la foule immense derrière moi, dépitée elle me dit « tant pis » et elle s’en va !! C’est surréaliste comme scène. Et surtout ça pompe une énergie considérable. Normalement un ravitaillement est fait pour reprendre des forces, se reposer un peu, on sort de là épuisé.

Au total on aura passé avec Brice 1h15 dans les ravitaillements, les 3 premiers ont été épouvantables, il aura fallu attendre le ravitaillement du 50ème kilomètre pour avoir quelque chose de digne d’une course comme la Saintelyon. J’ai eu des échos de gens qui ne se sont pas ravitaillés pendant 40 kilomètres.

On ressort enfin de cet enfer (un enfer qui s’appelle Sainte Catherine c’est joli non ?l), pour se retrouver dehors, il est 4 heures du matin, je suis transie de froid, complètement gelée. Il faut absolument courir pour se réchauffer mais je n’y arrive pas, je crois que j’ai les muscles engourdis par le froid, l’estomac aussi a dû prendre un coup de froid, je commence à sentir des douleurs que je n’aime pas du tout. Peu après le départ de Sainte Catherine, on voit des coureurs faire demi-tour, sans doute ont ils tenté de repartir, pour se rendre compte finalement qu’ils préféraient abandonner ?

A ce moment là on reçoit un SMS d’Alexis qui nous dit qu’il s’est arrêté à Sainte Catherine. Il n’était pas suffisamment en forme pour aller au bout. Et là mon ami Coué vient à mon secours, je me répète dans ma tête, j’ai pas froid, j’ai pas froid, tout va bien…. au bout d’un moment ça finit par marcher et je repars.

En fait j’ai toujours aussi froid mais physiquement ça va mieux, je commence à apprécier d’être là dehors, en pleine campagne. J’ai la chance de courir avec Brice, on est tous les deux. On ne voit pas grand chose mais j’imagine qu’on passe à côté de pas mal de fermes, l’odeur de la ferme, ma madeleine de Proust, la ferme où j’ai passé toutes mes vacances étant petite ! Je rigole toute seule, je sais bien que je suis la seule personne (enfin presque !!) à aimer l’odeur des vaches, ça me redonne le moral, je me sens comme à la maison :-).

Et puis tous ces gens au milieu de nulle part la nuit qui nous encouragent, incroyable d’être dehors à 3 heures du matin pour encourager des coureurs, ils sont fabuleux !

On atteint le 40ème kilomètre. Depuis le début c’est une succession de bitume et de sentiers. Les côtes ne sont pas trop raides, les descentes dans les sentiers par contre sont parfois un peu cassantes. La nuit on se prend vite les pieds dans les racines. Brice passe son temps à se retourner pour voir si je le suis, ça me stresse, j’ai peur qu’il fasse un vol plané !

Un bénévole nous dit qu’on va bientôt atteindre le point culminant de la course. Ca fait un moment que j’ai décidé d’évacuer toutes ces pensées négatives, j’ai fait une croix sur les ravitaillements,  je me contenterai de ce que j’arriverai à attraper. C’est bête à dire mais quand on n’attend rien on est moins déçu de ne rien trouver.

Le jour se lève, de magnifiques images commencent à apparaitre, bizarrement malgré les kilomètres qui défilent (de moins en moins vite) je me sens encore en forme, même si j’ai de plus en plus de mal à relancer après les arrêts. Brice a mal au genou, on ne peut plus courir autant qu’on aurait voulu, alors on profite du paysage, on prend des photos !

Saintelyon-Lever du jour

Saintelyon-Lever du jour

 

On nous avait dit que la fin de la course ne serait pas facile, elle se termine par une côte très raide, un peu type côte des Gardes du Paris-Versailles. On la monte sans trop de difficulté, preuve qu’on est quand même en bonne forme. On termine par des descentes et des montées de marches. Un coureur descend les marches à reculons, visiblement il n’en peut plus. Les fins de course sont parfois très dures !

Et La ligne d’arrivée enfin, il était temps…. j’ai faim, incroyablement faim !!

 

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Mon sentiment sur cette course reste mitigé. Je pense qu’on aurait pu sortir plus tôt du gymnase pour ne pas nous retrouver dans la mêlée, mais à posteriori c’est facile à dire.

Ce qui est positif c’est que j’ai mes 2 points, je vais pouvoir tenter le tirage au sort pour la CCC (Courmayeur-Champeix-Chamonix, 100 kms et 6000 mètres de dénivelé).

On refera peut-être la Saintelyon, avec notre fils dans un an ou deux qui sait ? Je pense que c’est une course qui lui plairait.

Un immense merci à tous les bénévoles qui nous ont assistés et à tous les courageux supporters qui ont bravé la nuit pour nous encourager.

5 réflexions sur « Saintelyon »

    • Ca te plairait comme course je pense, y’a une super ambiance (hormis dans les ravitaillements !!). A l’arrivée j’ai dit « plus jamais » et là je viens d’en parler à julien pour l’année prochaine 🙂 et franchement j’ai 10 fois plus souffert durant les 45 kms de valberg que durant ces 72 là, on en discutera !

    • Merci c’est gentil, et dire que tout a débuté dans la forêt de courtaboeuf avec les entrainements de Jeff 🙂 que de bons souvenirs

  1. Bravo Christine…vous êtes impressionnants tous les 2
    Un ami fait régulièrement cette course et nous dit à chaque fois à quel point il faut un moral d’enfer (allié à une bonne condition physique évidemment) . Bravo , encore bravo

Répondre à Christine Dehaynin Annuler la réponse.

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