130 kms, 8600 mètres de dénivelé. Notre plus grosse course à ce jour. Et notre première course depuis quasiment un an.
Avant de parler de la course, on va revenir 8 mois plus tôt, au mois de décembre, lorsque l’on a appris avec Brice mon mari que nous étions sélectionnés pour l’UTMB. Une journée de rêve, la sélection pour l’UTMB, la sélection de notre fils pour L’OCC (l’une des courses la même semaine que l’UTMB), et une splendide 11ème place sur 1500 à l’examen du premier semestre du concours de médecine pour notre fille. Tout ça le même jour. J’étais sur un nuage, notre planning de course était fait, ça devait être notre année. Pour notre fille, sauf gros accident, c’était gagné… (d’ailleurs, c’est gagné), puis le confinement….
Nous avons respecté les règles durant le confinement, nous n’avons fait que des sorties d’une heure, pas plus sans exception. Difficile de s’entrainer pour un ultra en sortant une heure, mais pendant qu’on trottinait autour de la maison, d’autres vivaient des choses bien plus difficiles.
A la fin du confinement, je reçois un petit message pour un don du sang. Je respecte le délai de 24 h sans activité physique suite au don du sang et le lendemain je sors pour une promenade (pas un footing, juste une balade) avec ma fille. Je monte les 10 marches qui me mènent à la forêt, et là le coeur s’emballe, cardio à 160 au bout de la 5ème marche, impossible de faire la moindre montée. J’ai l’impression d’avoir cent ans.
Ca va durer 2,5 mois, à priori grosse chute de fer, mon médecin m’a dit qu’ils avaient peut être abusé dans les dosages, pénurie de sang ? Confinement donc peu de donneurs ? Durant 2,5 mois j’ai été incapable de courir normalement, incapable de monter la moindre côte, d’enchainer deux sorties de suite, j’étais essoufflée, le coeur montait dans les tours au moindre mouvement, épuisée au moindre effort. Ce qui me vaudra une chute assez violente qui me causera un problème de ligament au bras gauche, bref la fête ! 🙂 Je précise que c’est la première fois que cela m’arrive pour un don du sang, et que ça ne m’empêchera pas d’y retourner, parce que c’est vraiment important.
On passera rapidement sur les déménagements entre juillet et fin août, le déménagement à Nice pour notre fille, celui à Bordeaux pour nous, celui à Montpellier pour notre autre fille, des cartons à n’en plus finir (avec juste un bras valide, c’est sportif), des allers retours sur l’axe Nice Bordeaux à n’en plus finir également. Il y a des jours où je ne savais plus où j’habitais !
Et on arrive début août, avec un 130 kms début septembre. Psychologiquement à ce moment là c’est compliqué. Nous sommes en vacances à Annecy, on fait des belles sorties, randonnées, trail, on enchaine, on a de la chance nos enfants nous suivent et aiment ça. Mais on enchaine des sorties de 20 kms, on est loin des 130….
Jusqu’au bout je me suis demandée si j’allais prendre le départ. Le problème des ultras c’est que si on prend un départ à moitié en forme, on se transforme vite en gros boulet pour l’organisation. Ce n’est pas forcément toujours facile d’aller récupérer les gens au milieu de nul part, les coureurs ne s’en rendent pas toujours compte.Beaucoup râle quand on ne vient pas les chercher parce qu’ils ont une entorse, mais regarde où tu es ?? On ne peut pas venir te chercher, et l’hélico pour une entorse, c’est peut-être un peu abusé non ?? Je déteste jouer le rôle du boulet. Mais j’avais besoin de cette course. On est qualifié d’office pour l’UTMB 2021, mais à condition d’avoir les points pour le faire, et je ne les avais plus.
Nous voila donc ce jeudi de début septembre à 22h, entourés d’une équipe de choc, Katia et Marc, pour l’assistance.
Et je peux dire que si j’ai fini la course, c’est en grande partie grâce à eux, à leur gentillesse, à leur présence à chaque base de vie, et même plus, à leur soutien, à leur efficacité. Ils avaient absolument tout prévu. Franchement les premiers de la course n’avaient pas une assistance comme la nôtre.
Tout a été difficile du début à la fin, mais je m’y attendais, on ne fait pas des miracles avec un entrainement aussi minimaliste.
Et surtout je suis partie en me disant que ça allait être compliqué, ce qui est évidemment une énorme erreur. Plus on se dit que ça va être compliqué, et plus c’est compliqué.
Le mental est vraiment quelque chose de primordial sur ce format de course. La forme physique aussi évidemment. Mais le mental tellement plus je trouve. Partir pour une course comme celle-là en se disant qu’on ne va pas y arriver, c’est certain que ça ne peut pas la rendre simple.
De Levens à Utelle, 30 kms 2000 mètres de dénivelé
Le départ est donné. Ca démarre fort. Que dire de cette première nuit…. difficile…. les descentes sont terribles, et surtout je suis partie trop vite. Comme d’habitude j’ai essayé de suivre Brice pour ne passer la nuit seule, et comme d’habitude j’ai fini par courir toute seule 🙂 C’est dément, course après course je refais les mêmes erreurs !
Je me suis faite doubler par 200 personnes à peu près, même si je savais que je ne finirai pas dans les premières, c’est usant. Dans les faits, je me suis rendue compte à la fin de la course que je n’ai quasiment jamais baissé dans le classement. Les personnes qui m’ont doublée sont essentiellement des coureurs du 70 kms qui partaient en même temps que nous.
Il n’y a pas grand chose à dire sur les 6 premières heures de la course, je subis, l’envie n’est vraiment pas là. Le dénivelé positif passe plutôt bien, mais la descente est terrible, que de glissades, que de chutes évitées de justesse. Mais j’arrive quand même à Utelle dans les temps prévus, au bout d’un peu moins de 6h30 de course.
On se retrouve à Utelle avec Brice vers 4h du matin. Utelle est un très joli petit village que j’ai toujours vu de nuit ! Je suis déjà fatiguée, moralement attaquée. On a fait 30 kms sur 130.
Katia et Marc sont là, pour eux aussi la nuit a été inexistante. Toute petite pause pour moi, je ne veux pas faire attendre Brice qui est déjà là depuis 20 mn.
Dans ma tête c’est le chaos total ! Il est hors de question que je m’arrête là, mais en même temps je n’arrive pas à trouver la motivation.
D’Utelle à Roquebillière, 27,3 Kms, 1660 mètres de dénivelé
Nous repartons avec Brice en direction de la deuxième base de vie. Il ya 5 bases de vie sur cette course (plus tous les points d’eau). En gros 3 étapes de 30 kms et 2 de 20 kms. A la recherche désespérée d’un déclic pour basculer en mode positif, je décide de découper ma course en tronçons et d’y aller morceau par morceau.
Durant cette 2ème étape de la course, ça va plutôt bien. Le lever du jour est magnifique, un ciel rouge à l’horizon. Dans ces moments on sait pourquoi on est là et on se pose moins de question. Me retrouver quasi seule dans ces montagnes avec le jour qui se lève est pour moi un moment paradisiaque.
En fin de matinée la chaleur commence à être accablante, les variations de température entre le jour et la nuit vont être l’une des grosses difficultés de la course. Durant la journée, la chaleur est écrasante, et durant la nuit il fait froid, voire très froid ! Mais j’ai plutôt un bon souvenir de ces 5 ou 6 heures de course entre Utelle et Roquebillière. On emprunte le même chemin que pour le 90 kms il y a deux ans, des montées en forêt un peu à l’abri de la chaleur de temps en temps heureusement.
A une dizaine de kilomètre de Roquebillière, une bénévole nous dit, « là c’est cadeau, 9 kms de piste de 4×4 en descente ».
Il faut savoir que sur ces 130 kms il n’y aura aucun cadeau, rien à voir avec les 15 kms de descente tellement facile sur la CCC après l’ascension du grand col ferret, rien de comparable ici. Du coup j’ai les yeux qui brillent, c’est Noël avant l’heure. En fait on aura à peine 2 kilomètres de pistes, suivi de 7 kms de descente bien casse pattes où on risque la chute si on n’est pas en vigilance permanente 🙂 C’est certain le 4X4 ne serait pas passé par là !
C’est difficile de dire quels sont les plus beaux paysages parce que tout est beau, mais les kilomètres entre Utelle et Roquebillière sont vraiment magnifiques. Cette photo date d’il y a 2 ans, cette année je n’en ai pas pris beaucoup.
On arrive ensemble avec Brice à Roquebillière, il est à peu près 11h et on va rester 1h. Dans mon tableau de préparation, j’avais prévu d’arriver à midi. Brice essaie de dormir, sans grand succès je crois. On n’est pas dans du confort 5* mais je suis à peu près bien ici, pas trop fatiguée, donc je sais que je ne dormirai pas, je mange, je me repose. Je suis contente de voir Katia et Marc, ça fait du bien. Ils sont au top comme à Utelle ! Roquebillière c’est ma base de vie préférée, parce qu’on est dans un gymnase, toutes les autres vont être en extérieur, y compris la nuit dans le froid…
De Roquebillière au Relais des Merveilles, 29 kms, 2000 mètres de dénivelé
Jusqu’à présent, Brice est incroyablement en forme, beaucoup plus que moi. On repart en faisant un petit détour par Lantosque, où on a la surprise de retrouver Marc et Katia qui nous offre un café.
On en profite également pour recharger en eau. Il doit être à peu près 13h, et le soleil cogne.
Cap ensuite sur Belvédère, suivi du relais des Merveilles, 2000 mètres de dénivelé en pleine chaleur nous attendent. On en a déjà fait 3600. On n’a pas pris de photos, mais Belvédère est un magnifique petit village perché comme il y en a beaucoup dans les Alpes Maritimes.
Est-ce que c’est chauvin de dire que l’on est ici dans l’une des plus belle région de France ? Oui, sans doute, mais tant pis !
L’après-midi la chaleur devient vite insupportable. Mais c’est tellement beau.
Arrivée à Belvédère, je commence à trembler, il fait incroyablement chaud mais j’ai froid. Ce phénomène m’arrive souvent quand je suis fatiguée. Je m’allonge sur un banc, Katia et Marc me mettent sous les couvertures. Sur le banc d’à côté il y a 3 adorables mamies qui regardent passer les coureurs, elles m’amusent, elles sont contentes d’être là ! Je ne sais pas pourquoi mais elles me font immédiatement penser aux fées Pâquerette Flora et Pimprenelle. Petite confession : je suis restée une grande fan de Disney et surtout de Charles Perrault….
Et là Paquerette dit à Flora et Pimprennelle « oh mais elle tremble la dame, il faut vite appeler les pompiers » Et voilà les pompiers qui débarquent. C’est difficile de leur faire comprendre que mon cas est normal, j’ai les dents qui s’entrechoquent tellement que je ne peux pas parler. C’est compliqué de leur dire que je vais bien en fait, et que je vais repartir comme si de rien n’était… Parce que à aucun moment je n’ai eu l’intention d’arrêter. Ils insistent pour prendre ma tension, je sais que si elle est trop basse ils ne me laisseront pas repartir. Au bout d’un moment j’accepte, et elle est normale ! Du début à la fin finalement, j’ai eu une bonne étoile au dessus de la tête !
Et si mes trois mamies étaient vraiment les fées de Disney ? 🙂
Après Belvédère se situe l’une des plus grosses difficultés de la course, 12 kms de montée très raide jusqu’au relais des Merveilles, je vais mettre quasiment 4 h à faire 12 kms. Je n’avance plus du tout, il fait tellement mais tellement chaud. Il n’y a pas la moindre forêt.
Bizarrement l’abandon ne me traverse toujours pas l’esprit, j’avance péniblement, je fais des pauses, très souvent. J’essaie de penser à des choses positives. Je n’arrive plus à manger, j’ai mal au coeur, plus rien ne passe.
Il est un peu moins de 20h quand j’arrive au relais des Merveilles, peu de temps après Brice en fait. Pile dans mes estimations !
Cela fait donc 22h que l’on est parti, et là…. miracle… la course va enfin basculer en mode positif pour moi. Arrivée en haut de cette côte avant de redescendre sur le relais des merveilles, je me suis dit « j’ai réussi », je ne pensais pas y arriver mais j’y suis arrivée. J’ai réalisé petit à petit que finalement je n’avais mal nul part, que j’étais en difficulté parce que je manquais cruellement d’entrainement certes, mais que les jambes allaient bien, les pieds aussi.
Petite déception au relais des Merveilles, tout est en extérieur, et il fait vraiment froid, impossible de se reposer dans la tente, on a essayé, pour l’assistance c’est dur aussi. Katia et Marc sont aux petits soins, ils ont même prévu les couvertures !
Du relais des Merveilles à Boréon, 22 kms, 1600 mètres de dénivelé
La fameuse 2ème nuit dehors
On repart. Cela fait 22h que la course a débuté, il est un peu plus de 20h, et on attaque notre 2ème nuit dehors. Repartir du relais des Merveilles pour une 2eme nuit dehors dans le froid a été compliqué, mais à ce moment là j’avais dans la tête l’idée que je finirai, que nous finirions.
Alors on va un peu parler de cette 2ème nuit qui m’angoissait tellement. C’est la première fois avec Brice que l’on faisait une course avec 2 nuits dehors sans dormir.
La montée du départ du relais des Merveilles est costaud, mais l’avantage de la nuit est que l’on se rend moins compte du dénivelé. Toutefois la fatigue commence à se faire sentir étant donné que nous n’avions pas réussi à dormir à la base de vie. On décide alors de sortir nos couvertures de survie et de dormir sur le coté, à la belle étoile. Il fait froid mais les couvertures de survie sont efficaces. Je crois que j’ai réussi à dormir quelques minutes, Brice non. Nous avions mis l’alarme de notre téléphone pour être certain de ne pas passer 2 heures à dormir et nous repartons donc assez rapidement. J’ai un bon souvenir de ce moment là, ce n’est pas tous les jours que l’on s’allonge la nuit en pleine montagne en regardant le ciel étoilé.
Les heures passent, Brice est devant et le je perds de vue, je suis vraiment fatiguée. A ce moment là de la course il y a eu déjà beaucoup d’abandons, et c’est vraiment très clairsemé. On est à peu près 245 à avoir fini la course (plus de 500 au départ), donc je me retrouve seule la nuit dans la montagne, et je pense que je vais m’endormir debout. Tout à coup j’entends une voix qui m’interpelle et qui me dit que je pars dans le mauvais sens. « Christine tu fais quoi là ? tu pars en sens inverse ! »
Ca me réveille instantanément mais je suis complètement désorientée, je ne sais plus où je suis, je ne sais pas ce que je fais là, la sensation est perturbante. Il me faut quelques secondes pour reconnaitre Yohan le collègue de Brice que je pensais loin très loin devant moi mais qui a fait un « petit » somme de 2 heures !
Vraiment je le répète, j’ai eu une bonne étoile au dessus de la tête tout au long de la course !
Un peu plus et je faisais du rab en faisant le chemin en sens inverse !! A partir de ce moment là je vais essayer d’être vigilante, mais je vais avoir des hallucinations. Je vois des objets bouger devant moi, des lumières qui s’agitent en formant des formes bizarres, j’ai l’impression d’être entourée de fantômes, j’ai vu un canapé dans la montagne avec un lapin géant assis dessus, je voyais ses grandes oreilles dépasser, évidemment c’était un rocher. Après les fées de la Belle au Bois Dormant, je vivais dans le monde d’Alice au Pays des Merveilles ! Je suis toute seule c’est limite flippant, mais j’arrive à avancer, alors ça va plutôt bien. Et finalement cette situation m’amuse, ce monde imaginaire me plait beaucoup et m’occupe l’esprit. Tout le temps que je passe à voir des formes bizarres partout, je ne le passe pas à ruminer sur mon infortune.
La nuit, la fatigue est difficile à gérer, mais cela reste néanmoins mes moments de course préférés. Il y a quelque chose de surréaliste et de poétique en même temps à se retrouver seule comme ça au milieu de nul part, on est attentif (normalement on l’est !) au moindre bruit, à la moindre sensation.
J’arrive à la base de vie du Boréon au petit jour, j’avais espéré une base de vie en dur pour me réchauffer, on est dehors, tant pis.
Katia et Marc n’ont pas beaucoup dormi non plus, ils se sont réveillés plusieurs fois pour surveiller notre progression, dire que j’ai mauvaise conscience quand ils me disent ça est un gros euphémisme !
Brice dort depuis une vingtaine de minutes, je m’allonge un peu mais je n’arrive toujours pas à dormir. J’ai très froid, mais depuis un bon moment la course a pris un autre tournant pour moi. Je n’irai pas jusqu’à dire que je prends énormément de plaisir à être là, c’est peut-être un peu excessif, mais franchement ça va.
Ce n’est pas l’impression que donne la photo, mais ça va.
De Boréon à Saint Martin de la Vésubie, 21,5 kms, 1330 mètres de dénivelé
Après le Boréon on se dirige vers le Mont Archas, encore une montée bien raide suivie d’une descente cassante, mais à ce moment de la course, on sait qu’on va finir alors tout va bien. D’ailleurs avant d’attaquer la montée, en plein soleil pour changer, on commence à serpenter dans une forêt, c’est plutôt sympa.
J’avance plutôt bien, et Brice qui a été au top durant toute la course commence à faiblir un peu. On n’arrivera jamais à être synchrone 🙂 C’est un miracle qu’on arrive à courir à peu près ensemble !
Les paysages sont à couper le souffle, je me sens enfin dans mon élément, et je savoure cette course, mieux vaut tard que jamais !!
Le 45 kms emprunte le même parcours que nous, ils nous rattrapent dans la montée du Mont Archas. J’aime bien voir passer les premiers des courses. Surtout que Xavier Thévenard est inscrit. La particularité de ce sport est que nous partageons souvent les mêmes lignes de départ et d’arrivée que les meilleurs mondiaux. Il n’est pas fréquent qu’on les croise cependant 🙂 Je suis surprise de ne pas le voir dans les premiers, il a subi visiblement des piqures d’abeille. 5 mn après avoir cessé de me retourner pour le guetter, j’entends sa voix tellement caractéristique dans mon dos me dire « allez bravo et courage ». Rien que pour ça je suis contente d’avoir fait la course :-).
Et nous avons le plaisir et la surprise de retrouver la team de choc Katia et Marc, accompagnés d’un ami Eric en bas du Mont Archas, nous allons faire un bout de chemin ensemble jusqu’à la Colmiane.
Pour les derniers kilomètres on nous garantit 5 kms de descente, on débutera par 3 montées pas trop longues mais bien raides, mais franchement à ce moment je suis proche de l’euphorie, je suis prête à battre mon record sur 5 kms, mais Brice n’a plus trop envie de courir (tiens, tiens, un petit arrière goût de la TDS peut-être ?). Il me dit de partir, mais bien sûr, je vais me barrer pour finir toute seule alors qu’on a fait la course ensemble 🙂
On arrive enfin à Saint Martin de la Vésubie, je sens que la bière dont je rêve depuis des heures est proche, la douche aussi, parce que 40 h sans douche c’est beaucoup !
La ligne d’arrivée est magnifique, on est tellement heureux que j’en pleurerais presque, jamais deux jours auparavant j’aurais pensé pouvoir franchir cette ligne !
Ce que je retiendrai de la course :
Tous les messages d’encouragement de la famille, des amis, la présence de Katia et Marc qui nous ont fait un bien fou. C’est difficile de lire les messages durant la course, mais j’essayais de le faire de temps en temps, et ça fait vraiment du bien. Merci les enfants, merci les amis !!
Ce n’est pas la meilleure course que j’ai faite, mais c’est celle sans doute où j’ai le plus donné pour franchir la ligne d’arrivée.
J’ai appliqué mon principe habituel, tant que je ne suis pas blessée je continue. Et on avise plus loin. Et une nouvelle fois ça a fonctionné.
Il est normal de se sentir mal. Est-ce qu’on doit abandonner à chaque fois que l’on se sent mal ? A chacun de répondre à la question.
On a tous des ressources insoupçonnées en soi, je l’ai souvent dit à ma fille durant son année de PACES, il faut se faire confiance, et il faut y croire, tant qu’on y croit et qu’on se donne les moyens d’y arriver, rien n’est jamais perdu.
Et on lit souvent beaucoup de choses (que ces courses sont trop dures, trop longues, dangereuses pour la santé), émanant de personnes qui pour la plupart ne savent pas de quoi elles parlent parce qu’elles ne l’ont jamais vécu. Personnellement je ne me mets jamais en danger, si je continue c’est que je sais que je peux le faire.
J’aime définitivement ce format de course, qui s’apparente plus à une grande aventure qu’à une course. Durant toutes ces heures, on fait de belles rencontres, il y a beaucoup d’entraide, on vit des choses fabuleuses, on passe par toutes les émotions, on a beaucoup de doutes, très peu de certitudes, on ne sait jamais en partant si on va finir, 50 % d’abandon ici je crois.
A un moment Brice m’a demandé. « Tu te sens capable de faire les 170 kms de l’UTMB et les 10 000 mètres de dénivelé ? »
Si je m’en sens capable ? Mais plus que jamais, parce que j’ai une envie démentielle d’y arriver !
Mon dieu, ces têtes à l’arrivée quand même ! Mais cette photo à l’arrivée avec Matthieu et Yohan vaut de l’or !
L’une de mes grandes satisfaction ? Avoir transmis la passion du sport à nos enfants. A l’arrivée notre fils nous appelle pour nous féliciter et nous dire qu’il a choisi 2 courses en fin d’année à faire avec nous, et il nous demande de choisir entre les 72 kms de la Saintelyon ou les 65 de l’Hivernale des Templiers :-)…. sur le moment ce n’est pas facile….
Magnifique CR, toujours plein d’humilité. C’est vraiment inspirant ce que vous faites, votre passion et votre détermination. Un énorme bravo!!! Et oui, il y avait un peu de magie dans cette exploit, les 3 fées ont certainement fait monter un peu ta tension 🙂 J’ai eu un gros pincement au coeur en vous voyant plonger dans le nuit et le froid le 2e soir pour attaquer la montagne…mais vous l’avez fait!!! 🙂
ah cette deuxième nuit, je ne suis pas prête de l’oublier, mille mercis en tout cas, sans vous deux, franchir la ligne aurait été difficile !
Bravo encore et merci pour le récit plein d’émotion et de sincérité.
Bises à vous deux